Extrait du journal
LES événements militaires des derniers jours sont en train d’établir la preuve que, pas plus on ne peut organiser la paix sans elle, pas plus on ne peut gagner la guerre sans la France. Le gouvernement affirme que, pour la seconde tâche comme pour la pre mière, la France assume toutes ses responsabilités. Telles furent les paroles par lesquelles le général de Gaulle tira la philosophie pratique d’un bref et grand débat. La leçon de l’unanimité, chaleureuse mais pourtant rai sonnée, avec laquelle l’Assemblée vient de donner à l’alliance franco-russe la ratification du pays, ne réside ni dans le texte des discours, ni dans celui de l’ordre du jour. Elle est tout entière dans la décision prise immédiatement après le débat, de réunir le Parlement provisoire, le lende main de la Noël, dans une séance extraordinaire CONSA CREE A NOS SOLDATS, A LEURS SOUFFRANCES, A LEURS ARMES ET SURTOUT A CELLES DONT ILS MANQUENT, A LEUR EQUIPEMENT ET SUR TOUT A CELUI QUI LEUR FAIT DEFAUT. Il est beau, certes, d’exalter et de rebâtir la grandeur. Il n’est pas moins nécessaire de se rappeler que la condi tion de la grandeur, c’est-à-dire la victoire, n’est pas acquise. Et que la grandeur elle-même, en fin de compte, nous sera mesurée à la part directe que nous aurons prise à la victoire, jusqu’au dernier soir de la dernière bataille. Il faut marcher de l’avant pour rester à sa place : en vérité, cette formule d’un orateur résume les paroles de tous les autres. C’est marcher de l’avant que d’édifier, en pleine guerre, la paix sur le pilier de l’alliance russe hors de laquelle nous n’avons jamais connu le repos. C’est marcher de l’avant que de construire, avec l’en semble des alliances fondamentales, la sécurité collective, c’est-à-dire non pas l’édifice sans rempart et sans verrou d’autrefois, mais la mise en commun des ressources mili taires pour la garde permanente d’une ligne de défense contre l’agression. C’est marcher de l’avant que de décrire et d’exiger déjà : d’une part l’occupation économique et militaire de la Rhénanie, d’autre part le contrôle par un mandat inter national des usines et fabriques de la Ruhr, faute desquels tout serait bâti sur le sable de l’insécurité et de la crainte. Et c’est enfin marcher de l’avant que de justifier cet avenir PAR LES EFFORTS ET LES SACRIFICES D'UNE NATION TOUT ENTIERE MOBILISEE. Car c’est de là que nous sommes partis. Et c’est là-dessus qu’il faut finir....
À propos
L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.
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