Extrait du journal

NOUS avons clairement, fermement marqué à nos interlocuteurs que nous entendions définitivement priver l’Allemagne des territoires qui lui ont servi^ jusqu’ici à la fois d’arsenal et de tremplin pour T l’agression à l’ouest, c’est-à-dire essentiellement la Rhéna nie, y compris le bassin rhéno-westphalien. Ne noUs y trompons pas ! Cette phrase de Georges Bidault engage nos consciences, en même temps qu’elle pré serve notre destin. Ayons le coujage de l’apprendre par cœur, de la médi ter sur la carte. Et puis de la rejeter franchement, ou de l’assumer tout à fait. Si, comme l’affirme un ministre des Affaires étrangères qui fut, ici même et toute sa vie, le prédicateur obstiné de l’ordre international, l’agrandissement de notre aire straté gique est la condition première de toute sécurité collective; si la paix commence par la grandeur et s’il nous faut mon ter plus haut que d’où nous sommes tombés, alors pre nons noire élan. Prenons-ie tout de suite. Mieux encore : accueillons l’épreuve de la guerre pro longée comme la chance d’établir, devant le monde qui n’en doute plus guère, et surtout devant nous-mêmes, que notre passé était trop étriqué pour nous. De Bir-Hakeim à l’insurrection de Paris, du Tchad à Strasbourg, nous avons édifié notre renaissance sur l’of frande d’une élite. Il n’est plus temps de la célébrer. Il est temps de l’imiter. C’est le devoir de la nation. Mais c’est, d’abord, le devoir de l’Etat nouveau. A lui de saisir l’occasion que nous offre le sursaut de l’ennemi : Sans doute pour exiger et pour forger les moyens de la vraie mobilisation; Mais aussi, mais surtout, mais avant tout, pour la décré ter partout. En juillet 1940, P Angleterre manquait d’armes aussi cruellement et plus dangereusement que nous en manquons aujourd’hui. Mais, précisément, elle entreprit son salut en décrétant — jusque dans les usines, les bureaux et les champs — la mobilisation générale AVANT d’en avoir les moyens. Du jour où la preuve était faite qu’elle n’avait pas une âme diminuée, d’avance elle était sauvée. Encore n’avait-elle qu’à demeurer elle-même. Tandis qu’il nous faut grandir, si nous voulons survivre....