Extrait du journal
LE COMBAT POUR LA FRANCE PARIS libéré vient de donner au monde le spectacle de l'unanimité française. Et l’on a bien compris qu'avec la joie de célébrer le départ de l’occupant, il y avait celle aussi de retrouver la liberté perdue, la liberté pendant quatre ans écrasée, pendant quatre ans pour chassée. On a bien compris que, célébrant la fin de la servitude et -de l’oppression — de cette servitude que d’aucuns allaient jusqu’à exalter — Paris saluait aussi l’espérance offerte aux Français : l’es pérance que la libération du territoire soit le siqne et l'occasion de la libération totale de la France, libération non seulement mili taire, mais aussi politique, économique et sociale. C'est pour cela, pour tout cela, pour que le sol soit libéré, pour que soient sauvegardés l’honneur et l’esprit de la F rance, pour que, dans la liberté reconquise, naisse une France nouvelle qu'ont lutté pendant quatre ans, combattants sans uniforme, traqués par toutes les polices, ceux qui, dès juin 1940, préparèrent notre joie d’aujourd'hui. Par eux est née en France, dans le combat et par le combat, une fraternité nouvelle : le combat pour la France a su, dès l'ori gine, associer les Français, sans distinction de foi religieuse ou d’appartenance politique, autour d’une commune conception de la France et de sa vocation. Réaction des consciences françaises con tre l’ennemi et sa volonté de naxification, la Résistance s’affirma en même temps en réaction contre le sordide machiavélisme qui s’installait au pouvoir, en méconnaissant les plus élémentaires valeurs de moralité politique. C’est le combat de ceux qui croient que la patrie n’est pas seulement un corps, mais aussi un esprit, pas seulement une terre, mais aussi une âme. Fidèles à la France, à toute la tradition fran çaise dans sa richesse et sa diversité, dans sa force et dans sa gran deur, les combattants de la Résistance se trouvèrent aussitôt unis dans cette commune fidélité. En les acclamant, en acclamant celui qui, dès juin 1940, in carna l'esprit et l'âme de la Résistance, Paris a scellé au grand jour le pacte conclu entre ces combattants : dans la liberté et pour la liberté, dans une France libre l'union d’hommes libres. C’est une chance pour le pays que cette union profonde des Français autour des valeurs essentielles de notre patrimoine natio nal ; c'est une chance particulière en ce moment où sur le sol libéré les Français vont être appelés à prolonger leur combat pour la libération, pour construire les structures nouvelles qui feront de la France, et pleinement, une terre de Justice et de Liberté. Dans le combat qui continue pour la libération du sol, dans le combat qui va se poursuivre pour la libération totale du pays, cette union des Français dans la fidélité i la France, c'est la grande chance, c’est la grande espérance offerte au pays après la tra gique épreuve. Dans la lutte du peuple de France pour sa libération, cette union dans la fidélité saura se faire rigoureuse pour tous ceux qui pactisèrent avec l'ennemi ; elle saura se faire audacieuse pour cons truire les structures nouvelles où le peuple de France, délivré de l’oppression étrangère, soit libéré de la servitude où le maintient un régime économique et social périmé. Dans la fidélité à la tradition française, qui est bien de res pect de la parole donnée, de protection des faibles, de refus d’ac cepter contre la justice le triomphe provisoire de la force matérielle, le combat continue. Il continue pour la libération du sol national, il continue au grand jour, dans la liberté retrouvée, pour que tous les Français soient, dans la justice et le respect de leurs droits, étroitement associés dans une nation unanime et fraternelle. André COLIN....
À propos
L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.
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