Extrait du journal

LA NOMINATION DE M. DEVIC Ferry, qui est un malin, et Feuillue, qui ne manque pas de vices, ont tout bonnement pensé que la période des jours gras devait être favorable aux déguisements et travestissements opportunistes ; aussi ont-ils attendu cette période pour déguiser en président le député Dévie ; et lest merveille d’examiner avec quel art ces deux marchands à la toilette ont affublé ce Dévie pour que nul ne le puisse reconnaître sous son domino orné de peau de lapin blanc. On lui a arraché ses insignes et jusqu’à sa médaille de député, on a donné à sa barbe la coupe chère aux avocats de province et on a collé crânement sur sa tête une vieille toque de suppléant, depuis longtemps oubliée dans les placards de la maison paternelle. « Cet enjuponné, déclare Y Officiel, ça peut bien être un Dévie, mais c’est Dévie, l’avocat, c’est Dévie, le juge suppléant, rien de commun avec Dévie le député. » Et comme Dévie le député n’est guère qu’un des plus obscurs parmi les obscurs de la Chambre, Jules et Martin s’imaginèrent que peut-être nul ne s’apercevrait de la disparition de Dévie, au Palais-Bourbon ; et même, comme depuis fort longtemps, chaque nouvelle élection amène avec elle un camouflet sur la face ministérielle, qui nous dit que les braves gens qui nous gouvernent n’ont pas songé à ceci, c’est que l’affaire, vu le personnage, ferait si peu de bruit, qu’on pourrait peut-être se dispenser de convoquer les électeurs et esquiver ainsi une inévitable défaite !...