Extrait du journal
Nantes, 5 septembre. Les débats A neuf heures précises, le « Portez, armes 1 » retentit; le conseil fait son entrée, a Faites entrer l'accusé », ordonne le général Courtin de La Rivière. Un vif mouvement d’attention se produit. Le lieutenant-coloneUde Saint-Rémy est en petite tenue de chasseur. 11 salue le conseil d’une lente inclinaison de tête et s’assied, tandis que le greffier donne lecture de l’ordre de nomination des juges et de l’ordre de mise en jugement. L’ordre de mise en jugement vise le refus ar le lieutenant-colonel de Saint-Rémy d’oéir aux réquisitions légales de l’autorité civile et d’exécuter un ordre à lui transmis par son chef hiérarchique le général Frater, crimes prévus par les articles 267 et 268 du Code pénal. À la suite de cette lecture, le président pro cède à l’interrogatoire d’identité. L’accusé répond d’une voix calme. Il déclare se nom mer Godin de Saint-Rémy, être âgé de cinSiante et un ans, lieutenant-colonel au 2* asseure à Pontivy. Le rapport d'instruction On procède à l’appel des témoins, qui sont au nombre de deux, le général Frater et le commandant de Robion ; puis on lit le rap port de l’officier instructeur. Ce rapport, assez long, constate ce qu’a d’impérieux la discipline militaire, sans la quelle il n’y aurait plue d’armée. Il rappelle ensuite les faits qui sont connus. Le 7 août, le colonel, recevant un ordre télégraphique du général Frater, répondit : « Ne puis trans mettre un ordre qui blesse mes sentiments et ma foi. » Aussitôt le général télégraphia : « Passez le commandement du régiment au commandant le plus ancien .» Ce qui iut fait. L’interrogatoire L’interrogatoire de l’accusé est extrême ment court. Le colonel de Saint-Rémy recon naît purement et simplement les faits, di sant : c J’étais pris entre mon devoir militaire et ma conscience ; je savais quelles consé quences terribles entraînait mon refus d’obéis sance. Je savais que j’aurais à subir votre jugement, mais que j’aurais aussi à en subir un autre : le jugement de Dieu 1 » Quelques dames applaudissent. L’accusé se rassied au milieu d’un silence profond. Les témoins Le premier témoin entendu est le général Frater, commandant la 22« division d’infan terie à Vannes. Il résulte de aa déposition que les télégrammes transmettant la réquisition du préfet du Morbihan au lieutenant-colonel de Saint-Rémy, le soir du 7 août et dans la nuit du 7 au 8, furent au nombre de troi». C’est au troisième seulement, après quatorze heures de réflexion, que M. de Saint-Rémy répondit qu’il refusait. Le deuxième témoin est le chef d’escadron de Robion, à qui fut passé le commandement du 2« chasseurs par le bénéfice de l’âge, après le refus d’obéissance du lieutenant-colonel de Saint-Rémy. Le chef d’escadron de Robion est un grand ami de l’accusé. Il dépose, très ému, avec des larmes dans la voix. 11 explique qu’il n’a pas connu au premier abord les motifs du refus de ton ami. Celui ci a eu la délicatesse de les lui laisser ignorer. — « Alors, dit-il, recevant la réquisition de me» chefs, je me suis dit qu’ils la considéraient comme légale, et, la mort dans l’âme, je l’ai exécutée. » L’audition des témoins est terminée. Le réquisitoire Le lieutenant-colonel Lemoine, commissaire du gouvernement, prononce eon réquisitoire....
À propos
Fondé en 1878, L’Avenir de la Mayenne est un quotidien régional publié à Laval, puis à Rennes. Il change de nom en 1932 pour devenir Le Républicain de la Mayenne avant de disparaître en 1942.
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