Extrait du journal

votre nom de chevalier Sylvain n’était pas votre nom véritable, et je vous avoue que celui du comte de Lussan, que vous portez depuis deux j mois, ne me satisfait pas davantage. Lorsque, chez la vicomtese de Pressac, ie vous vis pren-1 j dre la fuite, renoncer à la main de Lisbeth que i vous adoriez, les soupçons que j’avais conçus se : changèrent pour moi en certitudes. Lorsque der; nièrement encore, sous le nouveau titre que vous ; avait octroyé la faveur royale, vous parvîntes à j désarmer le courroux de la vicomtesse, à ressus; citer Lisbeth expirante, j’acquis la conviction que ! vous avez atteint le but vers lequel tendaient vos secrets désirs, en vous créant, par votre seul mérite, un blason et une fortune qui n’avaient plus rien de commun avec le nom que vous aviez répudié. i Le chevalier ne répondit pas. — Je ne vous fit point part, à cette époque, des ’ doutes que j’avais conçus. Nous vivions vite alors, | partagés tous les deux entre les ardeurs de la j politique et les tendresses de l’amour heureux ; \ mais, aujourd’hui que je vous dois tant, à votre | tour vous me devez quelque choœ : votre con! fiance, mon cher Sylvain. Remy avait prononcé côs derniers mots avec une inflexion de voix si caressante, que le chevalier en fut ému. i — Soit, dit-il mélancoliquement, vous serez mon...