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L’Avenir de la Mayenne, 26 juin 1881

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L’Avenir de la Mayenne
26 juin 1881


Extrait du journal

Comme nous l’avons dit, elle mourut le len demain. Cette femme avait la raison ébranlée depuis la mort de sa fille, et, d’après le clerc qui lui a remis l’argent, elle savait à peine ce qu’elle faisait. Après avoir confessé la veuve Biard, M. le curé de Saint-Vénérand se retira et la femme Tafforeau reprit sa place au chevet de la mourante. Nous avons été obligés d’ouvrir cette pa renthèse peur faciliter à nos lecteurs la com préhension de ce qui va suivre. La femme Bessière arrive donc chez M. le curé de Saint-Vénérand, toujours en compa gnie de la femme du garde-champêtre. — Monsieur le curé, lui dit-elle, ma sœur avait touché de l’argent quelques jours avant de mourir. Je l’ai cherché partout et je n’ai rien trouvé. C’est vous qui l’avez confessée : ne vous l’aurait-elle pas remis pour dire des prières ? A cette question, M. le curé ne répondit pas, mais s’adressant à la femme du gardechampêtre de Bonchamp : — Qui êtes-ious, lui dit-il; êtes-vous une de ses parentes ? — Non, répondit la femme Bessière, ce n’est pas une de mes parentes. C’est une femme qui est venue m’aider à chercher* parce que je n’ai plus d’assez bons yeux pour le faire seule. Vous pouvez parler : j’ai toute confiance en elle. Ma sœur vous a-t-elle remis de l’argent ‘f M. le curé ne répondit pas encore, et, s’adressant de nouveau à la femme du gardechampêtre, il lui dit : — « Tout cela ne vous regarde pas, restez ici. » Puis, se tournant vers la femme Bessière : — « Et vous, bonne femme, montez à mon cabinet avec moi. » Arrivée dans le cabinet de M. le curé de Saint-Vénérand, la femme Bessière lui exposa sa situation. — « Je suis pauvre, lui dit-elle ; ma sœur a laissé des dettes et je vais être obligée de vendre mon mobilier pour les payer. — Eh bien, répondit M. le curé, je vais vous donner 200 francs ; allez payer ces dettes et tâchez de marchander pour qu’il vous reste de l’argent. La femme Bessière prit les 200 francs et sc retira. M. le curé de Saint-Vénérand ne lui fit nullement connaître le chiffre de la somme qu’il avail en Ire les mains. Revenue à Bonchamp, la femme Bessière va trouver M. Vincent et lui dit : — M. le curé m’a donné 200 francs, mais je pense que les 700 qui restent m’appartien nent, et je vous prie, monsieur le maire, de me les faire rendre. — Je veux bien essayer, répond M. Vin cent ; donnez-moi votre procuration. La femme Bessière donne la procuration, et le lendemain M. Vincent se présente de vant M. le curé de Saint-Vénérand, à la sa cristie. M. le curé pesait de la cire. M. Vincent lui fait connaître le but de sa visite. — Mais celte affaire ne vous regarde pas I — Pardon, si je viens, c’est que j’en ai le droit. — Je ne connais que la veuve Bessière. — Voici la procuration qu’elle m’a don née. — C’est diffèrent ; mais je n’ai pas le temps de causer avec vous de cette affaire en ce moment. 11 faut que je pèse ma cire. Venez me voir chez moi à une heure. A une heure précise, M. Vincent sonne chez M. le curé de Saint-Vénérand, qui l’in troduit dans son cabinet. On négocie. Les parties ne sont pas d’accord. M. le curé pré tend être régulièrement possesseur de la somme ; M. Vincent soutient le contraire et lui dit : « « — Avez-vous un testament ? Avez-vous des témoins? — Non, répond le curé. — Alors, c’est irrégulier, veuillez me remettre l’argent. — Mais, fait observer M. le curé, une per sonne a toujours le droit de remettre de la main à la main ce qu’elle veut donner ! — Oui, réplique M. Vincent, mais à la...

À propos

Fondé en 1878, L’Avenir de la Mayenne est un quotidien régional publié à Laval, puis à Rennes. Il change de nom en 1932 pour devenir Le Républicain de la Mayenne avant de disparaître en 1942.

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