Extrait du journal
Comme nous l’avons dit, elle mourut le len demain. Cette femme avait la raison ébranlée depuis la mort de sa fille, et, d’après le clerc qui lui a remis l’argent, elle savait à peine ce qu’elle faisait. Après avoir confessé la veuve Biard, M. le curé de Saint-Vénérand se retira et la femme Tafforeau reprit sa place au chevet de la mourante. Nous avons été obligés d’ouvrir cette pa renthèse peur faciliter à nos lecteurs la com préhension de ce qui va suivre. La femme Bessière arrive donc chez M. le curé de Saint-Vénérand, toujours en compa gnie de la femme du garde-champêtre. — Monsieur le curé, lui dit-elle, ma sœur avait touché de l’argent quelques jours avant de mourir. Je l’ai cherché partout et je n’ai rien trouvé. C’est vous qui l’avez confessée : ne vous l’aurait-elle pas remis pour dire des prières ? A cette question, M. le curé ne répondit pas, mais s’adressant à la femme du gardechampêtre de Bonchamp : — Qui êtes-ious, lui dit-il; êtes-vous une de ses parentes ? — Non, répondit la femme Bessière, ce n’est pas une de mes parentes. C’est une femme qui est venue m’aider à chercher* parce que je n’ai plus d’assez bons yeux pour le faire seule. Vous pouvez parler : j’ai toute confiance en elle. Ma sœur vous a-t-elle remis de l’argent ‘f M. le curé ne répondit pas encore, et, s’adressant de nouveau à la femme du gardechampêtre, il lui dit : — « Tout cela ne vous regarde pas, restez ici. » Puis, se tournant vers la femme Bessière : — « Et vous, bonne femme, montez à mon cabinet avec moi. » Arrivée dans le cabinet de M. le curé de Saint-Vénérand, la femme Bessière lui exposa sa situation. — « Je suis pauvre, lui dit-elle ; ma sœur a laissé des dettes et je vais être obligée de vendre mon mobilier pour les payer. — Eh bien, répondit M. le curé, je vais vous donner 200 francs ; allez payer ces dettes et tâchez de marchander pour qu’il vous reste de l’argent. La femme Bessière prit les 200 francs et sc retira. M. le curé de Saint-Vénérand ne lui fit nullement connaître le chiffre de la somme qu’il avail en Ire les mains. Revenue à Bonchamp, la femme Bessière va trouver M. Vincent et lui dit : — M. le curé m’a donné 200 francs, mais je pense que les 700 qui restent m’appartien nent, et je vous prie, monsieur le maire, de me les faire rendre. — Je veux bien essayer, répond M. Vin cent ; donnez-moi votre procuration. La femme Bessière donne la procuration, et le lendemain M. Vincent se présente de vant M. le curé de Saint-Vénérand, à la sa cristie. M. le curé pesait de la cire. M. Vincent lui fait connaître le but de sa visite. — Mais celte affaire ne vous regarde pas I — Pardon, si je viens, c’est que j’en ai le droit. — Je ne connais que la veuve Bessière. — Voici la procuration qu’elle m’a don née. — C’est diffèrent ; mais je n’ai pas le temps de causer avec vous de cette affaire en ce moment. 11 faut que je pèse ma cire. Venez me voir chez moi à une heure. A une heure précise, M. Vincent sonne chez M. le curé de Saint-Vénérand, qui l’in troduit dans son cabinet. On négocie. Les parties ne sont pas d’accord. M. le curé pré tend être régulièrement possesseur de la somme ; M. Vincent soutient le contraire et lui dit : « « — Avez-vous un testament ? Avez-vous des témoins? — Non, répond le curé. — Alors, c’est irrégulier, veuillez me remettre l’argent. — Mais, fait observer M. le curé, une per sonne a toujours le droit de remettre de la main à la main ce qu’elle veut donner ! — Oui, réplique M. Vincent, mais à la...
À propos
Fondé en 1878, L’Avenir de la Mayenne est un quotidien régional publié à Laval, puis à Rennes. Il change de nom en 1932 pour devenir Le Républicain de la Mayenne avant de disparaître en 1942.
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