Extrait du journal
Il y a de très braves gens qui aiment l'ordre, qui en ont besoin pour leurs affaires, leur commerce, leur travail, et qui ne remue raient pas un doigt pour l’avoir. Bien plus on les entend se plaindre sans cesse : rien ne marche, les Chambres font de mauvaises lois, on cède toujours aux ennemis de l'ordre social, etc. Et quand on leur dit : mais, tout cela c’est la faute des électeurs, nommez de bons députés et tout ira bien, ils vous répondent : moi, je ne vote pas. Ab ! vous ne votez pas. et vous vous plaignez que tout ne marche pas à votre gré ? Tant pis pour vous et l’on pourrait se réjouir de vous voir punis de votre apathie et de votre indifférence si, par votre faute, le pays ne devait pas en souffrir autant que vous. Vous êtes en vérité de grands coupables. Comment voulez-vous que « ça marche » si les honnêtes gens restent chez eux et laissent le champ libre aux violents et aux agités ? Le jour du vote, vous avez le devoir d’aller joindre votre suffrage à ceux des bons citoyens, partisans de l’ordre et de la liberté, comme vous auriez celui de quitter votre lit et d’aller faire la chaîne si. la nuit, un incendie menaçait de dévorer votre ville ou votre quartier. L’abstention à l’heure où nous vivons est une désertion, presque un crime. On va bientôt procéder à la révision des listes électorales, allez voir si vous êtes inscrit ; si vous ne l’êtes pas, faites-vous inscrire, faites votre devoir de citoyen, votez ! Hercule veut qu’on se remue. Et pour qui devrez-vous voter lorsque vous serez muni de votre carte d’électeur ? Je l’ai dit dans un précédent article, mais on ne saurait trop y revenir et aujourd'hui, toujours sous ma responsabilité personnelle, je vais préciser. Entre deux républicains, l'un très v avancé » l’autre de nuan-e plus modérée, votez pour ce dernier parce que vous n aurez pas à craindre qu’il pactise jamais avec le parti du désordre. Entre un conservateur et un bolcheviste, votez pour le conservateur Si celui-ci ne représente pas absolument vos opinions, du moins il ne mettra jamais en péril ni les intérêts supérieurs du pays, ni les vôtres. Aujourd’hui que la République est assez forte pour braver toutes les attaques, c'est surtout en vue du maintien de l’ordre et de la conservation de la paix sociale qu’il faut voter. Il a été longtemps à la mode, dans le parti républicain avancé — car Jules Ferry était d’un tout autre avis — de répéter ce péril leux aphorisme: « A gauche, nous ne con naissons pas d’ennemis. » Eh bien, si, nous en connaissons et des plus dangereux Tous les esprits clairvoyants, tous ceux qui ne craignent pas la vérité ne sauraient s’empê cher de le reconnaître. Enfin, pour ceux de nos amis politiques qui considéreraient encore ce vieux cliché comme un article de foi, je ferai observer ceci : les ennemis dont je parle ne sont en réalité ni à droite, ni à gau che. Ils font absolument bande à part. N'ayant plus rien ou presque rien de Fran çais. heurtant à chaque instant le sentiment national, ils se sont placés volontairement en dehors de la nation. Disciples impénitents des Sozial-démocrates de Berlin, admirateurs et protecteurs des bolchevistes russes, ils sont en marge non seulement de tous nos partis politiques mais encore de la France, et nous avons le devoir impérieux, à droite comme à gauche, de voter résolument contre eux, de repousser à coups de bulletins de vote leurs assauts, ce qui vaut mieux que d'avoir à les repousser plus tard par les armes. Voilà le devoir actuel de l’électeur patriote, je n hésite pas à le proclamer. Il faut avoir maintenant le courage de son opinion ; le moment est venu de parler haut et ferme, de crier ce que beaucoup de gens disent tout bas. Le temps n’est plus aux ménagements, aux attermoiements, aux réticences. Et maintenant que j'ai dit tout ce que j’avais à dire sur les élections en général, je vais parler plus spécialement de la Mayenne. Dans notre département où, depuis quatre ans, du fait de la guerre, nous jouissons de la paix politique, ne serait-il pas désirable, ne serait il pas possible de prolonger l'union sacrée pendant quelques années de plus ? Allons-nous nous remettre dans quelques mois à nous faire la guerre ? N'existerait-i pas un moyen de nous épargner à tous l’agil tation, la perte de temps, les ennuis d’une campagne électorale ? Ne pourrions-nous, pour une fois, établir entre nous une petite représentation proportionnelle, former des listes mixtes sur lesquelles les électeurs des deux partis seraient invités à voter ? Ainsi, pour préciser encore davantage, nous aurons trois sénateurs à élire. Deux sièges sont occupés par des conservateurs ; le troisième est vacant par suite de la mort de M. Le Breton. Mettons-nous tous d’accord pour attribuer ce troisième siège à un répu blicain. Nous aurons aussi à nommer cinq dépu tés. Quatre des députés en exercice sont allés au front, ont fait leur devoir. Ne touchons pas à ceux là. Le cinquième siège est aussi vacant par suite de la mort de M. de Hercé : donnons le à un républicain. Nous aurons ainsi deux sénateurs de droite, un de gauche, trois députés de droite, deux de gauche. On dira peut-être que je lais la part trop belle à la droite, mais il laut bien tenir compte des situations acquises et, d’ailleurs nous gagnerions quand même un siège au Sénat et un à la Chambre. Cette combinaison se recommanderait encore par d’autres considérations. Pendant la prochaine législature, la politique pure — si l’on peut ainsi parler — sera très pro bablement mise au second plan. On s’occu pera surtout de panser nos blessures, de rele ver nos ruines, de reconstruire la France. Entre adversaires qui viendraient de se bat tre et seraient encore tout chauds de la lutte électorale, il pourrait surgir de petites diffi...
À propos
Fondé en 1878, L’Avenir de la Mayenne est un quotidien régional publié à Laval, puis à Rennes. Il change de nom en 1932 pour devenir Le Républicain de la Mayenne avant de disparaître en 1942.
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