Extrait du journal
Le* catégories de citoyens pour lesquelles l'ordre est de toute nécessité sont sans contredit les industriels, les commerçants et les cultivateurs. L’industriel en temps de révolution ou d'émeutes est obligé de fermer ses ateliers, le commerçant pour son négoce a autant besoin que l'industriel de sécurité, et comment, dans un pays en ébullition, le cultivateur pourrait-il semer, récolter, vendre ses denrées ? Dans ces trois branches de l'activité humaine, si l’ordre vient à être gravement troublé, c'est l'inévitable arrêt du travail avec ses tristes conséquences. Sans travail, pas de salaires et pas de pain. Aussi, est-ce dans les trois catégories pré citées qu'on a toujours trouvé les plus fervents amis de l’ordre, leur existence étant étroitement liée à son maintien. Les fonctionnaires, les citoyens . qui exercent des professions dites libérales, médecins, avocats, écrivains, professeurs, artistes, ont aussi besoin de l’ordre pour faire un bon travail. Cependant, le triomphe momentané du désordre les menacerait moins gravement que les premiers dans leurs intérêts. L'agitation de la rue les gênerait certainement, mais ne les paraly serait pas complètement. Ils pourraient travailler et vivre quand même. Quelques-uns d’entre eux, de rares exceptions à la vérilé, pourraient même profiter des circonstances pour prononcer de beaux discours, pour écrire des articles ou des livres sensationnels qui les mettraient en vedette et les désigne raient aux sulfrages de certaine classe d’élec teurs. Pour ces diverses raisons, la politique soi disant avancée, et qui l’est si peu, recrute dans les professions libérales un certain nom bre de candidats qui, un peu malgré eux et par entraînement, deviennent parfois les fourriers du socialisme révolutionnaire. Après ces deux grandes catégories de citoyens qui sauf de rares exceptions, nous l’avons dit, constituent la nombreuse et puissante armée de l’ordre, nous trouvons dans le camp opposé les agitateurs de profession, les professionnels du désordre, plus remuants et plus bruyants que nombreux à In vérité, mais excerçant sur la masse une très funeste influence. Les ennemis de l’ordre sont le plus souvent des paresseux, des incapables, des ratés, ce qui ne les empêche pas d’avoir des ambitions déme surées et de formidables appétits. Ces gens ne sauraient vivre et se satisfaire dans un milieu honnête et bien ordonné. Ils seraient alors obligés, comme le commun des mortels, de gagner leur vie, de s'astreindre à un travail obscur et régulier, sans grandes chances d’atteindre la célébrité ou la fortune. Pour cette malfaisante espèce, la paix sociale se rait la stagnation, l'étouffement et la mort. Ils sont donc, d'instinct, pour l'agitation et le désordre, pour l'agitation qui les fait monter comme l'écume à la surface, pour le désordre au sein duquel ils sont heureux comme le poisson dans l’eau, dans l’eau trouble surtout qui leur apporte aux uns comme aux autres de copieuses et délicates provendes. Naturellement encore ils n’ont aucun goût pour la guerre, même défensive, avec l’étran ger, parce qu’elle ne leur rapporterait que des coups, mais ils sont les partisans forcenés de la lutte des classes de laquelle ils comptent tirer avantages et profits. C'est pourquoi nous les voyons sans cesse exciter les ouvriers contre les patrons, les soldats contre les officiers, les prolétaires contre les bour geois. Quedeviendraient-ils si tous les Français arrivaient à s'entendre ? Ils auraient le choix entre disparaître ou se résigner à devenir raisonnables et honnêtes, ce qui leur serait peut être encore le plus malaisé. On voit aujourd’hui le mal que peuvent faire ces vibrions ; on sait ce qu'ils ont fait en Russie où la trahison, le pillage, les vols à main armée et l’assassinat sont à l'ordre du jour, depuis que des malfaiteurs de cette espèce ont pu s’emparer du pouvoir. Fort heureusement la France n’est pas la Russie, n'est pas ce peuple d’esclaves mal émancipés et ignorants auxquels il a suffi de promettre le partage des terres et les dépouilles des bourgeois pour le pousser aux plus sanglantes et aux plus abjectes saturnales qu'ils ont l audace d'appeler une révolution. En France, les ouvriers honnêtes, économes, les petits propriétaires sont légion et ils ne se laisse raient pas facilement arracher le fruit de leur travail, le produit d’une vie d’honneur et de labeur opiniâtre. Nos cultivateurs, en particulier, qui n’ont pas boudé devant le l'russien ne manqueraient pas de recevoir les bolcbevistes voleurs à coups de fusil ou à coups de fourche. Toutefois, bien qu’une semblable catas trophe ne soit pas à craindre dans notre pays, les bons citoyens n’en ont pas moins le devoir de lutter de toute leur énergie contre les hommes néfastes qui se vantent d’avoir conservé leur sympathie aux Bolcheviates et qui s'efforceront après la paix d’acclimater cette barbarie nouvelle chez nous. Si les braves gens de tous les partis se mettent d'accord pour résister à celte odieuse et criminelle propagande, nous repousserons facilement tous les assauts. Nos divisions seules pourraient offrir quel ques chances de succès à ces malfaiteurs. L’union sacrée qui a tant contribué à nous assurer la victoire n’est pas dénoncée, Dieu merci ; maintenons-la soigneusement et même renforçons-la contre l ennemi de l’intérieur. Il ne s'agit pas d'abdiquer ses préférences personnelles, de faire le sacrifice de ses opinions. H n'est pas qnestion de fusion à opérer entre les partis, mais d'une alliance temporaire à conclure, alliance qui pourrait d’ailleurs, être féconde et porter plus tard d heureux fruits. Il faut simplement courir au plus pressé. Soyons de bons Français, d’abord, et pour la suite, comme dit Corneille : « Laissons faire aux dieux. » Gustave KAVANAGH....
À propos
Fondé en 1878, L’Avenir de la Mayenne est un quotidien régional publié à Laval, puis à Rennes. Il change de nom en 1932 pour devenir Le Républicain de la Mayenne avant de disparaître en 1942.
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