Extrait du journal

Lucien Lacour a administré, comme l’on sait, une magistrale paire de gifles à celui qui ne peut plus s’appeler que l’Outrage public à la pudeur. S’il était possible de résumer en deux mots les motifs qui l’ont poussé a cet acte de vio lence contre l’ancien défenseur de l’ac tion directe, on pourrait les placer sous deux chefs différents : motifs personnels et raisons générales. 1° Le camelot du roi, Lucien Lacour, a giflé Briand pour se venger et venger ses camarades de l’illégalité comm.se contre eux chaque fois qu’ils tombèrent entre les mains de la police. On les re tint au régime de droit commun, avec les apaches, pendant un temps qui variait selon le bon plaisir d’Aristide Briand, ministre de la justice, puis pré sident du conseil : ils avaient dit qu'ils aur ient leur revanche, qu'ils la pren draient sur le principal responsable, celui qui était le premier, et qu’ils la prendraient aussi illégale que ces mesu res; ils l’ont maintenant, et c'est parfait. 2° L’ouvrier Lacour s’est rappelé que l'ancien protagoniste de la grève géné rale était monté sur les épaules de ses camarades pour arriver au pouvoir, qu'il n’y était resté que pour se faire d'abord le complice de l’assassin de VilleneuveSaint-Georges, pour réprimer ensuite la grève des cheminots avec une fermeté qui lui a valu les félicitations du pouvoir juif. — Lucien Lacour, catholique, s’est souvenu que ce même Briand était l'homme de la Séparation, qu’il venait commémorer la mémoire de Jules Ferry, créateur de l’école laïque, ayant a ses côtés Lafferre, grand chef de la Maçon nerie, pour bien montrer son intention de continuer l'œuvre anticatholique de la République. Lucien Lacour, patriote, n’a pas voulu laisser finir dans le triomphe une jour née consacrée à Jules Ferry, l'homme de l’Est, qui, après Gambetta, a le plus fait pour ruiner l'idée de Revanche. Il a giflé Briand aux pieds du Tonkinois qui nous lança dans les conquêtes coloniales pour nous faire oublier les provinces perdues de l’Est. Il a enfin puni Briand d'avoir appelé pour collaborateur l'homme des fiches, le protecteur des fraudes du Midi, Lafferre, un de ceux qui ont le plus de responsabilité dans le sang qui rougit les pavés de Narbonne. Briand a donc pour toutes ces raisons encaissé une paire de claques qu’il essaie en vain de nier, mais qui l'ont bien fait chanceler. 11 est môme très intéressant [...