Extrait du journal

« Nous lui rendrons sa qualité », dit le Maréchal Pétain en parlant de la France aux préfets assemblés devant lui. Il faut aimer l’élégance de cette expression ; il faut aussi se pénétrer de VacQeption profonde qu’elle comporte et que le Maréchal lui a évidemment donnée. La France est assez pareille, de puis quelques dizaines d’années, à une personne qui fut bien élevée et qui déchoit lentement, sous l’influ ence de mauvaises fréquentations, de mauvais exemples, peut-être même par l’effet d'une mauvaise santé. Si l’on pouvait maintenir la com paraison, on dirait que la France était de bonne race, de bonnes mœurs ; mais que le climat, l’air qu’elle respire l’ont affaiblie. Elle a bien cherché à se guérit de ces maux indistincts ; il semble, hélas! que de nocives médications aient aggravé son cas. Toutefois, il faut renoncer aux images, et dire que la France s’est corrompue en prétendant brusquement se trans former. Elle n’était certes pas parfaite quand, voici un siècle et demi, elle crut tout bouleverser, et chez elle et dans le monde, pour tout améliorer. Ses intentions partaient d’un bon naturel, comme celles du chêne de la fable qui se mêlait d’enseigner la vertu au roseau. La France fut ambitieuse et prétentieuse, mais gé néreuse aussi. Observez que le monde qu’elle se flattait d’émanciper, fit d’abord bon accueil à ses « lumières ». Et ne manquez pas de remarquer aus si que le monde eut la prudence de ne retenir que partie des leçons re çues. La France, mue par la franchise,...