Extrait du journal

règle d’avance les batailles... On a envie de lui dire, comme on dit aux enfants indiscrets : « Occupe-toi donc de manger ta soupe! ». Et le conseil n’aurait pas exclusivement un sens figuré. Le Français a grand besoin, présentement, de s’occuper de sa soupe, et pas seulement de l’absorber, mais d’abord de la pré parer. Un problème se pose à l’univers : jusqu’à quand durera la guerre ? C’est un problème insoluble. Toute fois, que la guerre dure ou ne dure pas au-delà de l’année présente, une chose est sûre : c’est que la situa tion des Français sera difficile. La paix revenue, même tôt reve nue, nos embarras ne seront pas dissipés comme par miracle. Il fau dra quelque temps avant que les échanges internationaux reprennent leur cours normal, ou même seule ment allègent nos difficultés de ra vitaillement. Puisque, dans un cas comme dans l’autre, notre sort sera diffici le, ne ferions-nous pas mieux de nous préparer à le subir et à l’adou cir dans la mesure du possible ? C’est le conseil que donne la sages se. Mais c’est un conseil sans hé roïsme? L’héroïsme est-il donc de parler à tort et à travers ? Or, c’est bien cela que fait constamment le Mon sieur qui en sait plus long que tout le monde. Il annonce la victoire de celui-ci ou de celui-là ; il fait ainsi le héraut, mais non pas le héros. Qu’il le sache, et, pour qu’il le sache, ne craignez pas de le lui dire. Le devoir des Français est, en ces jours difficiles, de penser à euxmêmes. C’est leur devoir, et, à tout bien considérer, c'est même leur seul droit....