Extrait du journal

Dans cette terrible épreuve de la guerre, la France se retrouve elle-même ; mise en face des réalités de la vie, subi tement placée dans le voisinage de la mort, elle rejette loin d’elle fous les sophismes, tous les respects humains, toutes les faiblesses ; elle est, comme autrefois, comme elle l'était, toujours et malgré tout, restée au fond de son âme une nation catholique. Mais une nation catholique a des devoirs et, si elle prie Dieu dans les tranchées et sur le champ de bataille, si elle accourt dans les églises Lui demander la victoire, il n’est pas permis à cette nation d’ignorer, de feindre d’ignorer celui qu'il a établi son Repré sentant sur la terre. Refuser de causer avec Rome, ne pas vouloir connaître le Pape, c’est donc méconnaître absolument la France, et c'est méconnaître le devoir, manquer au devoir qui incombe à la nation. La guerre éclaire bien des esprits et les mesquines préoccupations dé la poli tique de parti résistent mal aux grandes, lueurs du canon. Il est impossible, à l’heure actuelle, de ne pas voir que la puissance, la pros périté, la grandeur de notre patrie sont nécessairement liées à son rôle tradi tionnel de protectrice, dans le monde entier, des catholiques, à ce service, glorieux entre tous et profitable autant que glorieux, de < bon sergent * de l’Eglise. Deux faits rendent plus lumineuse encore cette vérité, plus pressante la nécessité pour la France de ressaisir ses intérêts en rentrant, dans sa fonction et dans son devoir : Rentrée de la Turquie dans le conflit européen, aux côtés et aux ordres de l’Allemagne, et l’envoi par l'Angleterre d’un ambassadeur au Va tican. Malgré toutes 1 es fautes commises, nous avions jusqu'à ce jour, grâce surtout à nos œuvres, à l’action inlassable et double ment patiente de nos Religieux et de nos Religieuses, conservé en Orient notre héritage séculaire, le protectorat des catholiques. Pour mesurer la valeur de ce protec torat, il suffit do se rappeler les efforts tentés par les autres puissances pour nous l’arracher et — sans parler de tant d’intrigues diplomatiques toujours déjouées par la Rlèle bienveillance des Souverains Pontifes envers la France — de revoir Guillaume II n’hésitant pas à faire lui-même ce fameux et tapageur voyage en Terre Mainte....