Extrait du journal

protectrice de la maison de Th un comptait dix-sept ans à peine. Elle n’était point jolie ; elle était at trayante. Sa physionomie mobile, et cependant toujours sereine, offrait un singulier mé lange de finesse et de candeur, de bien veillance et de fermeté, de réflexion et d’enjouement. Elle était rousse, mais à la façon des portraits du Titien et de Véronèse. Ce jour-là, son abondante chevelure ondulait en masse d’or jaune bruni sous de légères coiffes plissées à la mode espagnole. La comtesse avait elle-même présidé à cet arrangement, car, toute malheureuse qu’elle eût été en Espagne, Dolorès aimait les souvenirs de sa patrie. Cette coiffure seyait fort bien à Made leine. Elle dégageait son front pur et fai sait ressortir ses beaux yeux noirs, cal mes et profonds. Une ample jupe de soie, un justaucorps de velours et des mules en drap de Courtrai, munies de leurs crochets d’argent, composaient à la jeune fille une toilette simple, mais d’un goût parfait. A sa ceinture pendait un trousseau de clefs, symbole de ses fonctions. La seule concession qu’elle eût faite au luxe du jour, était une paire de gants sans revers,...