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L’Avenir républicain, 19 mars 1848

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L’Avenir républicain
19 mars 1848


Extrait du journal

Comment on adhère ù la République. Comment il y faudrait adhérer. On ne rencontre plus <|ue des Républicains. Mais on peut les diviser en plusieurs catégories. Voici les principales : Les uns ont vu dans la Révolution de 1848 le triomphe d’une cause ipi’ils servaient depuis long-temps, soit dans l’ombre, soit au grand jour. Même avant les barricades, la République avait eu ses néophytes, ses confesseurs et ses martyrs. Les autres appartenaient hier à l’opposition constitution nelle. Ils attendent du gouvernement nouveau ces réformes qu'ils ont inutilement demandées à la monarchie. Elle n’a laissé dans leurs cœurs ni reconnaissance ni regrets. Il en est de plus timides ou de moins éclairés qui ne voient dans la République qu’une expérience à faire, expé rience à laquelle ils se soumettent par raison plutôt que par pût. Vous trouverez même des gens qui,ayant x u disparaitreavec [la royauté la source plus ou moins pure de leurs biens et de [leurs dignités, se résignent sans peine à aller puiser ailleurs. Dans les villes, dans les campagnes, par conviction ou Épar instinct, par mépris du pissé ou par loi dans le progrès, ■par curiosité ou par crainte,il n’est personne qui n'adhère à la République. Seulement ceux qu’on a nommés les Républicains de la iveille regardent, en génétal, avec défiance, ceux qu’ils ont appelé les Républicains du lendemain. Ils veulent tout faire par eux-mêmes, et ne permettent pas même à leurs alliés de la veille d’achever avec eux une révolution à laquelle ils ont ensemble concouru. De leur côté, ces Républicains de la dernière heure, voyant qu’on doute de la loyauté de leurs intentions, se tiennent à l’écart et peut-être doutent eux-mêmes de l’avenir d’un gouvernement qui jusqu’à présent n’a réclame d'eux que des sacrifices d’argent et qu’une assistance passive. Ils de viennent soupçonneux, inquiets, et sans cesser de croire à la République, ils se disent tout bas que ce n’est point là la République à laquelle ils avaient songé les premiers jours. , Les hommes qui n’ont accueilli le règne de la déni >eratic que comme une épreuve, ne trouvent plus dans le spectacle qui nous environne de quoi se rassurer contre leur première terreur. L’ouvrier même s’étonne de trouver son fover sans flam mes, son buffet vide, sa ta mille souffrante. Il lit les affiches, interroge les journaux, déserte l’atelier, prête l’oreille à tous les Inuits contradictoires, à toutes les frayeurs, à toutes les illusions que le vent promène dans l’air. Il croit, cer tes, â la République ; mais il voudrait que la République, née d’hier, eût déjà tenu ses promesses, et que l’arbre à peine planté portât déjà des fruits mûrs. Son impatience est contenue ; mais le frein qui l’arrête gémit parfois sous ses [efforts. Telle est, si nous ne nous trompons, la disposition géné rale des esprits. An lieu de s’unir de jour en jour davantage, eu se divise. On ue se rapproche guère que pour échanger * questions fâcheuses, dus nouvelles sinistres, des soup«otis hasardés. On ne discute les actes du gouvernement...

À propos

Fondé en 1845, le Mémorial judiciaire de la Loire est, comme son nom l’indique, un journal judiciaire. D’abord hebdomadaire puis quotidien, il est rebaptisé L’Avenir républicain en 1848, puis L’Industrie en 1852, puis le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire en 1854, nom qu’il raccourcit quelques quatre-vingt-ans plus tard en Le Mémorial. Collaborationniste, le journal est interdit en 1944.

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Données de classification
  • lamartine
  • ledru-rollin
  • gallet
  • france
  • loire
  • fa
  • la république
  • theolier
  • assemblée nationale