Extrait du journal

Ceux-là seuls qui vous ont éprouvées, qui, pendant des semaines, n’ont pas eu une serviette, un morceau de savon pour se laver, à qui l’eau même quelquefois a été mesurée, qui ont été réduits à la chemise administrative qu’on change tous les huit jours, peuvent savoir avec quelle sensation voluptueuse le prisonnier se jette sur du linge frais et blanc! L’administration ne fournit au détenu ni chaussettes, ni mou choirs ! Ce n’est rien, pensez-vous. Goûtez un peu de ce régime et vous verrez ce que pè-ent à la longue ces mille petites tortu res indéfiniment répétées ! Henri s’était juré de ne s’étonner ni de se plaindre de rien. Il fuma sa dernière cigarette, et quand il eut vu le dernier rond de fumée s’évaporer et disparaître : — Allons, se dit-il, me voilà livré aux seules ressources de mon esprit ; il s’agit maintenant de résister à l’inaction, à la solitude, à l’ennui, au découragement ; je saurai dans quelques jours si je suis trem pé pour la lutte ; nous verrons bien si la cellule aura raison de moi ! Comment il passa les quatre journées qui suivirent, il aurait été plus tard bien embarrassé de le dire ; il vécut comme dans un rêve Le secret était observé de la manière la plus stricte. Il voyait son surveillant deux fois par jour, cinq mi nutes chaque fois....