Extrait du journal

Peut-on vraiment croire — on le souhaite, n’est-ce pas — qu'au bout de nos épreuves nous accéderons à la route haute où. libérés des entraves de la civilisation industrielle, nous finirons bien par nous engager ? « On reconnaîtra à deux signes l’instant où l'humanité s’y sera défictivement engagée : à l’allégresse et à la vitalité. Une humanité sans allégresse ni vitalité, telle que la faisait la civilisation industrielle, est bonne pour obéir... » Il faut craindre que l’auteur de Pascal ne soit tombé comme tant d’autres de ses contemporains dans le panneau du machinisme intégral et brutal, de ce « Cancer » américain qui ronge le monde et le conduit à sa perte. Certes, M. Fortunat Strowski voit bien dans la captation des forces naturelles et leur transmutation en électricité, une alchimie qui transformera complètement la civilisation ; mais au lieu de tenter de nous brosser cette future civilisation inéluctable, ne tend-il pas à nous dépeindre celle dont lui-même rêve sous forme d’humanisme ? L’homme moderne reste ainsi le même et se retrouve sous tous les travestissements qu'on lui impose. Ce qu'il était plus juste d’étudier c’étaient ses dieux, ses chefs, ceux qui l’inspirent et ceux qui le commandent. L’homme moderne ? Nous le connaissons pour l’avoir pratiqué nousmêmes ; mais toutes les forces qui l’entourent, les connaissons-nous ? Ce sont elles que le philosophe et l'essayiste doivent dénombrer, analyser, démonter, pour nous permettre de les asservir ou de les dominer. Qu’on regrette que M. Fortunat Strowski n’ait pas écrit la Machine moderne ; l’homme reste encore un de ses rouages, et essentiel. Peut-être rien de plus. Mais cela nous aimerions encore à le savoir. Et ici, nous préférons Goethe à Pascal et à Montaigne, Goethe qui a écrit : « Le chef-d’œuvre de l’homme c’est de durer. » Il avait prévu, lui, l'homme moderne. Celui qui dure !... N’y a-t-il pas, dans cette philosophie-là, tous les optimisées ?......