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Le Bien public, 19 janvier 1878

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Le Bien public
19 janvier 1878


Extrait du journal

Le discours de la Couronne britanni que est une désillusion à la fois pour les partisans de la guerre et pour les amis de la paix. Les premiers espéraient que la reine déclarerait les fameux intérêts anglais menacés dès maintenant par la défaite irrémédiable des Turcs et la marche de 1 armée russe sur Constantinople. Le dis cours d--* la reine aurait dû être, selon eux, une véritable déclaration de guerre au tsar. Contrairement à l’attente des esprits belliqueux, le gouvernement britannique déclare que « jusqu’ici aucun des belli gérants n’a enfreint les conditions sur lesquelles est basée la neutralité de l’An gleterre ». Bien maigre est la satisfaction donnée par la reine au parti de l’action dans les phrases suivantes : « Je ne puis me dissimuler que, si les hostilités devaient malheureusement se prolonger, quelque circonstance impré vue pourrait me faire un devoir d’adop ter certaines mesures de précaution. Ces mesures ne pourraient être prises d’une manière efficace sans qu’on y fût convenablement préparé. J’ai donc confiance dans la libéralité de mon Par lement et je compte qu'il me fournira les moyens nécessaires pour obtenir ce résultat. » Les ministres de la reine jugent donc qu’il peut se présenter certaines circons tances imprévues qui les forceraient à adopter certaines mesures de précaution, qu’il faut se préparer convenablement à prendre ces mesures, et que des crédits seront nécessaires à cet ell’et. Ces déclarations réduisent à néant les espérances que nourrissaient les Turcs de voir les habits rouges combattre à leurs côtés comme alliés ; mais elles lais sent toujours prévoir comme possible une action militaire de la Grande-Bretagne en vue de défendre ses propres intérêts. Cette éventualité n'est pas faite pour tranquilliser les amis de la paix, qui, par conséquent, pas plus que les partisans de la guerre, ne peuvent être satisfaits du discours de la reine. Pourquoi les ministres anglais n’ontils pas tenu un langage plus affirmatif dans un sens ou dans l’autre ? D’où vient que, sans calmer les appréhensions des uns, ils sont restés au-dessous des espé rances des autres ? C’est ce qu’il est facile de deviner. La réserve relative dont le gouvernement britannique a fait preuve ne lui a pas été imposée seulement par la gigantesque agitation pacifique qui re mue la population du Royaume-Uni, comme on pourrait le croire, mais bien aussi, et surtout, par le silence obstiné de la Russie sur les conditions de paix qu elle veut dicter à la Turquie. Si nos lecteurs s’en souviennent, nous avons prévu l’embarras où la Russie jet terait le cabinet de Saint-James en refu sant de révéler ses projets avant l’ouver ture du Parlement. Le discours de la reine Victoria traduit cet embarras en langage officiel. Ignorant si les conditions de paix tou cheront aux intérêts dits anglais, les ré dacteurs du discours se sont vus dans...

À propos

Lancé par Henri Vrignault au mois de mars 1871, quelques jours seulement avant la Commune de Paris, Le Bien public rejoint dès sa naissance les rangs des journaux protestant contre les élections organisées par le Comité central. Interdit un mois après son lancement, le journal réapparait à la chute de la Commune. Républicain et conservateur, Le Bien public devient alors le journal porte-parole d’Adolphe Thiers. Lorsqu’il tombe entre les mains d’Athanase Coquerel en 1874, il se teinte également d’une couleur fortement anticléricale.

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Données de classification
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