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Le Bien public, 20 février 1873

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Le Bien public
20 février 1873


Extrait du journal

qui se produise à l’occasion de ces lut tes, au nom d’un combattant mort con tre un combattant survivant, eût pu venir du côté des violateurs de la loi contre un défenseur de la loi. C’est la veuve d’un insurgé, d’un homme pris les armes à la main, d’un révolté contre la République, contre le droit, contre la justice, contre la sou veraineté nationale, qui réclame une indemnité à un soldat qui, après avoir lutté contre l’ennemi du dehors, com battait tau nom de ces choses sa crées. C’est la veuve d’un des hommes avant compromis l’honneur de la France «ods les yeux du vainqueur, qui s’attaque à l’un des soldats chargés, avec ses camarades de la jeune ou do la vieille armée, de refaire au prix de leur sang cet honneur compromis. Eu vérité, nous le répétons, notre pays est étrange et parmi les audaces des partis nous n’en avons pas vu de plus hardies. On a jugé les membres de la Commu ne, les assassins et les juges ; ceux qui avaient édicté la loi des otages et ceux qui l’ont exécutée ; est-ce que la veuve de Chaudey s’est portée partie civile ? est-ce que les héritiers, les fils, les frè res des Bonjeau, des Darboy, des Captier, des Glivaint.se sont portés parties civiles?Ont-ils réclamé des indemnités? Et tous ceux dont les dernières res sources ont disparu dans les flammes et ceux qui ont été tués par les fédérés en défendant leurs demeures, out-ils de mandé ou a-t-on demandé en leur nom des dommages et intérêts? Nul n’a parlé. La justice avait la pa role, nul n’a voulu mêler au sang qui allait couler des questions d’argent. Une seule voix s’élève ; elle vient d’où l’on sait, et s’attaque à qui l’on sait. Ainsi des hommes violent toutes les lois, s’emparent de Paris comme d’une proie, y décrètent la Terreur,y poursui vent, y traquent les honnêtes gens, les chassent comme des fauves, — il y en a eu de poursuivis ainsi que des loups, à coups de fusils, — ils arrêtent les prêtres, ils pillent les églises, ils volent, ils tuent, ils se roulent dans l’orgie ; l’heure de la lutte suprême arrive ; ils brûlent les maisons d’où l’armée les dé loge, l’armée de la loi, l’armée du droit, l’armée de la France ; on les prend le chassepot et la torche à la main ; ils meurent et Von vient demander compte de ces morts aux soldats qui ont fait leur devoir et exécuté les ordres don nés, un compte matériel, un compte d’argent ! Quand on a joué de semblables par ties, sans excuse aucune, sans explica tion que la convoitise, l’ambition vani teuse et l’appétit matériel; quand on a joué et perdu on paye, et la seule chose qu’on doive désirer, c’est que l’oubli se fasse sur les crimes accomplis, sur ces crimes odieux dont la France a failli mourir et dont la République, que ces fous criminels prétendaient défendre, n'est pas encore entièrement guérie. Pour notre part, nous qui avons ac compagné pas à pas la vaillante armée dans cette lutte terrible, nous avons vu bien des scènes que nous voudrions ou blier; nous avons vu, par exemple, les communards tirer sur des femmes et des hommes désarmés qui éteignaient les incendies ; nous voudrions oublier...

À propos

Lancé par Henri Vrignault au mois de mars 1871, quelques jours seulement avant la Commune de Paris, Le Bien public rejoint dès sa naissance les rangs des journaux protestant contre les élections organisées par le Comité central. Interdit un mois après son lancement, le journal réapparait à la chute de la Commune. Républicain et conservateur, Le Bien public devient alors le journal porte-parole d’Adolphe Thiers. Lorsqu’il tombe entre les mains d’Athanase Coquerel en 1874, il se teinte également d’une couleur fortement anticléricale.

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