Extrait du journal
Entre mille autres, une conséquence des jours terribles et beaüx que nous traversons séra ,de nous avoir fourni une véritable image de nous-mêmes. Dans cette formidable mêlée, les peuples alliés et combattant pour la même cause gardent leur physionomie distincte : le soldat anglais se fait remarquer par son indomptable ténacité, l’italien par son fougueux élan, le russe par son doux héroïsme, le français par sa gaîté. Et ne prononçons pas à la légère ce mot aimable de gaîté, ni avec raillerie, ni avec dédain, car il désigne maintenant une des plus grandes forces et un des plus nobles mobiles de l’âme humaine. Aller à la mort en chantant, n’est-ce pas l’acte qui porte l'homme le plus haut et le™ plus loin de la brute? La belle humeur de notre race, du reste, se manifeste dès l’origine de cette race, avec l’amour de la plaisanterie, les mots d’esprit propres au Français « né malin ». Aussi, lorsque semblable au raz de marée qui déracine les algues des abîmes et les rejette sur la grève, le cataclysme d’une guerre mondiale met au jour ce que .contient le fond même des âmes, chez le Français, c’est la gaîté qui apparaît. Au plus fort des batailles dont la violence dépasse tout ce qu’avait pu concevoir l’imagination des hommes, cette gaîté persiste. Ah ! quel appui et quel levier, une aussi tenace gaîté ! Quel don et quel héritage à conserver 1 Il faut élever dans la belle humeur et dans la gaîté la lignée de nos « poilus », parce que ce sont les enfants de tels pères, d’abord, et aussi parce que ces pères, à leur tour, descendent de ceux qui firent la guerre en dentelles, et de ceux qui combattirent sous les enseignes gauloises où la vive et chantante alouette se dressait en symbole. Étouffer la gaîté dans le cœur d’un petit Français, ce serait attenter à notre bien commun et, en quelque mesure, fausser le génie de la race. G. M... (De la M. P.)...
À propos
Le cafard muselé fut un journal des tranchées édité et imprimé à Bordeaux. Bimensuel, il parut tous les 1er et 15 du mois entre 1917 et 1919. Le journal était tiré sur près d’une quinzaine de pages et était orchestré par un directeur de rédaction signant « Le Gosse ». Il se revendiquait « organe du foyer du soldat », soit un espace de retraite dans les casernes et établissements militaires, sous le contrôle et avec l'agrément de l'autorité militaire, où les sous-officiers et les soldats trouvaient des livres, des jeux d'adresse ainsi que de quoi écrire.
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