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Le Cafard muselé, 1 août 1917

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Le Cafard muselé
1 août 1917


Extrait du journal

' La nuit est noire. Le silence.est interrompu à intervalles réguliers par les deux mots : « Sentinelle, veillez ! », qui se répètent indéfiniment tout le long de la garde. Il est nécessaire, pendant les longues nuits, de redoubler de ^vigilance, et c’est pourquoi ce cri est lancé parmi les veilleurs qui doivent se le transmettre fidèlement, sans quoi la suite serait rompue et l’ennemi pourrait profiter de ce moment d’inattention pour pénétrer dans les lignes. De même, dans la vie privée, pendant les jours tristes, tels que ceux que nous traversons actuellement et qui ressem blent aux heures noires de la nuit, « sentinelle, veillez!» devrait être le mot d’ordre de tous, et particulièrement des jeunes soldats. L’homme a l’intelligence, l'esprit, enfin toutes les qualités qui le distinguent de l’animal. S’il le veut, il peut être maître de lui-même, de son instinct. Il lui suffit donc de vouloir et de veiller pour éviter les mille embûches qui menacent sa conscience, son intelligence, la mémoire sacrée qui est dans son cœur. « Sentinelle, vjsillez ! » : les mauvaises pensées rôdent autour de nous dans l’obscurité, épiant un moment de défail lance pour s’introduire en nous et détruire notre meilleur être. En vertu de ce principe que l’action vient de la pensée, pour pouvoir accomplir les immenses et belles tâches de l’après-guerre et poursuivre les plus nobles idéals, il faut, dès maintenant, qu,e nos pensées se purifient par la guerre et deviennent plus fortes et pjus hautes que jamais. « Sentinelle, veillez I » est l’appel qui doit venir du plus profond de notre conscience quand de mauvais camarades veulent nous entraîner dans une vie d’excès, nous faire...

À propos

Le cafard muselé fut un journal des tranchées édité et imprimé à Bordeaux. Bimensuel, il parut tous les 1er et 15 du mois entre 1917 et 1919. Le journal était tiré sur près d’une quinzaine de pages et était orchestré par un directeur de rédaction signant « Le Gosse ». Il se revendiquait « organe du foyer du soldat », soit un espace de retraite dans les casernes et établissements militaires, sous le contrôle et avec l'agrément de l'autorité militaire, où les sous-officiers et les soldats trouvaient des livres, des jeux d'adresse ainsi que de quoi écrire.

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Données de classification
  • j. ferry
  • france