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Le Cafard muselé, 15 août 1917

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Le Cafard muselé
15 août 1917


Extrait du journal

Nous constatons un ensemble très intéressant de ten dances diverses en nous-mêmes aussi bien que parmi nos camarades. Ces dispositions ou impulsions sont curieusesparce que très souvent contraires. Ne voit-on pas, par exemple, un ancien insoumis se dis tinguer par une endurance, un courage à toute épreuve en face de l’ennemi ? N’arrive-t-il pas aussi, que tel poilu qui publiquement obperve la discipline, montre subitement, dans un cas par ticulier, une indépendance dangereuse et condamnable? Une faute grave commise par un homme ayant une bonne réputation semble d’autant plus lourde et son avenir d’au tant plus compromis que cet homme était plus estimé ! Quelquefois, tel autre paraît propre et d’ordinaire bien tenu, mais en causant avec lui, on est tout surpris de découvrir un désaccord complet entre son extérieur et sa mentalité. N’entendons-nous pas certains professer des principes élevés qu’ils n’harmonisent nullement avec ceux qu’ils appliquent? Par contre, ne rencontrons-nous pas souvent des vertus étonnantes dans des natures que nous avions méprisées? Voici l’individu sans foi ni loi, qui jouit de la vie sans aucun but, le plus égoïstement — à son sens le plus entiè rement — possible; tout à coup se révèlent chez lui un dévouement, une droiture exemplaires parce qu’il s’agira de prendre parti .pour une cause honnête ! Puis, voilà un caractère double à l’état constant; on dirait, compensation étrange, qu’il est d’autant plus charitable et qu’il a l’esprit d’autant plus large, que certains vices sont plus profondément enracinés en lui ! Les extrêmes se touchent, dira-t-on. Pourquoi ces contrastes qui semblent illogiques? Parce qu’ils sont l’effet non seulement du milieu et des circons tances, mais de l’éducation ou de l’instinct, c’est-à-dire i de ce que l’on coudrait être et de ce que l’on est à côté. Il y a lutte constante entre la culture et l’atavisme ; tous les deux sont changeables à travers les générations. Chez certaines personnes, le couloir (1) domine à l’ordi-...

À propos

Le cafard muselé fut un journal des tranchées édité et imprimé à Bordeaux. Bimensuel, il parut tous les 1er et 15 du mois entre 1917 et 1919. Le journal était tiré sur près d’une quinzaine de pages et était orchestré par un directeur de rédaction signant « Le Gosse ». Il se revendiquait « organe du foyer du soldat », soit un espace de retraite dans les casernes et établissements militaires, sous le contrôle et avec l'agrément de l'autorité militaire, où les sous-officiers et les soldats trouvaient des livres, des jeux d'adresse ainsi que de quoi écrire.

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Données de classification