Extrait du journal

1 y Que de fois déjà, en temps de paix, pères, mères, frères aînés, n’avez-vous_ pas songé longuement à l’avenir, en regardant s’agiter devant vous ces, petits au regard pur etconfiant? Cependant la guerre est survenue, p'ères et frères . - sont partis, et ces enfants qui faisaient auparavant la préoc cupation de tous sont vite passés à l’arrière-plan ; — trop souvent, ils ont grandi un peu comme ils ont pu, les pen sées étaient ailleurs, les soucis présents détournaient les regards de l’avenir ,et, toujours un peu délaissés, ils' ont grandi... ^ Pourtant, c’est la jeune France, on compte sur eux pour relever les ruines et non seulement pour réédifier, mais encore pour développer, pour agrandir. Seront ils capa bles d’accomplir cette tâche immense? Oui, pourvu qu’on leur en donne les moyens ! pourvu qu’on les guide vers ' ce but à chaque instant. Et cela trop souvent on ne le fait pas! Nous passons en moyenne vingt-quatre heures par se maine au lycée ou à l’école : ceux d’entre noùs qui enten dent parler de la guerre, pendant ces heures-là, sont rares et vraiment privilégiés. Croyez-vous que ce soit avec ces méthodes d’avant-guerre qu’il faille élever et former notre jeunesse? Croyez-vous même à la possibilité de créer les énergies nécessaires en se contentant d’instruire les enfants? Non,il faut se préoccuper de leur caractère en les suivant à chaque instant de leur développement. Mais, direz-vous, et l’éducation familiale? Pères et mères de famille, n’avez-vous pas tous senti qu’il arrive un moment où votre influence s’émousse? où ce jeune caractère que vous formiez jusqu’alors à votre gçé préfère à votre exemple et à vos conseils l’exem ple et les conseils de ses camarades ? Cela précisément vers treize, quatorze ans, au moment où le caractère se fixe en traits profonds,à l’heure où l’enfant aurait besoin d’être plus près de vous, toujours plus près, pour devenir un homme comme la France en a besoin. Qu’arrive-t-il alors? l’enfant, ballotté de mauvaise influence en mauvaise influence, suit le mouvement général : voilà même les meilleurs, ceux dont 1 on espérait le plus, lancés dans cette vie de garçon que l’on excuse d’un mot : «Il faut bien que jeunesse se passe », sans songer qu’on fait la plus cruelle injure à la vraie jeunesse : celle qui demande à progresse!*/ à aimer et à agir. De cette s vie-là sortent des caractères reposant sur cette base molle et chancelante : la paresse. Non seulement paresse de tra vailler à l’école ou au lycée, mais paresse de penser,...