Extrait du journal

Les lignes qui suivent ont été écrites au début de la guerre. A i’heure actuelle, alors que nous sentons approcher la fin, il est bon, en songeant à tqus ceux qui sont tombés pour préparer la victoire, de maintenir l’esprit de sacrifice qui les animait. 1 ' En pensant à cette jeunesse qui s’en va en chantant vers la mitraille allemande, nous répétons malgré nous la parole 'échappée l’autre jour à l’écrivain patriote : « Ahl pourquoi » faut-il que marchent au sacrifice des enfants capables » d’ouvrir la plus belle ère de l’Histoire de France? » Qui peut nous expliquer ce mystère de douleur et rendre intelligible à nos cœurs cette loi suprême du monde moral qui fait du sacrifice volontaire la condition du salut de l’humanité ? 1 La loi du sacrifice ! J’hésiterais à aborder ce sfijet, crai gnant de toucher aux blessures qui font saigner tant de cœurs, si je n’avais pas le sentiment que nous n’avons pas le droit de rester étrangers au sacrifice de nos bien-aimés. C’est y rester étranger que de l’envisager autrement qu’ils ne l’envisagent eux-mêmes, — je veux dire, soit en nous livrant à je ne sais quel fatalisme obscur, soit en laissant l’esprit de révolte s’emparer de nos âmes, — et cela, à l’heure même où ils s’abandonnent à un enthousiasme sacréJ'Si nos âmes ne vibraient pas à -l’unisson de leurs âmes, s’il y avait, en cet instant suprême de leur vie et de la nôtre, une dis sonance, ce serait pour eux une grande tristesse, et de notre part une grande infidélité....