PRÉCÉDENT

Le Charivari, 1 juillet 1870

SUIVANT

URL invalide

Le Charivari
1 juillet 1870


Extrait du journal

Isabelle. — Je renonce au trône d’Espagne, je ne 1 ignore pas. Je veux prouver ainsi à mon peuple que je désire ne plus m’occuper de ses affaires. premier courtisan. — Vous êtes cruelle pour lui. Majesté. Isabelle. — Il a été assez ingrat envers moi... Pas sez-moi la plume, j’ai hâte de signer cet acte. un chambellan. — Pas encore, Majesté. Isabelle. — Vous avez fait tout préparer pour deux heures, il me semble; il est déjà trois heures, et je n’ai rien sisné. le chambellan. — Majesté, soyez reine pendant en core un quart d’heure. Isabelle.—Mais pourquoi me demandez-vous cela? La manière avec laquelle vous insistez m’étonne beau coup. Une révolution vient donc d’éclater en Espagne? aurah-je de nombreux partisans? Parlez donc, je veux savoir la vérité. le chambellan. — Le brave colonel Alcindor de las Cigarretlas a télégraphié ce malin à un de ses amis do Madrid pour le prier de faire connaître au peuple votre projet, c’e-t à-dire vos intentions de renoncer aujourd’hui même au trône d’Espagne. Isabelle. — Eh bien? le chambellan. — Nous comptons tous sur un pronunciamienlo S’il y en avait un, nous nous empressererions de déchirer cet acte que vous voulez signer. — Quelles nouvelles a-t-on r. eues ? — Le brave colonel de las Cigarrettas les attend au bureau télégraphique, où il est installé depuis ce matin. — Et l’électricité ne lui a encore rien communiqué? — Hélas ! non. Mais je vois, Majesté, que votre œil brille ; vous fondez vous-même quelque espoir sur la démarche faite par le colonel. Donc, si les nouvelles étaient bonnes, vous ne signeriez pas cet acte? — Non, certes, car il serait mal à moi d’abandonner mes partisans. Sur ces entrefaites, le colonel arrive tout essoufflé; on l’entoure. le chambellan. — Eh bien, colonel ? le colonel. — Il y a pronunciamiento. tous (avec allégresse). — Vive la reine. (Isabelle pâ lit.) le colonel. — Mais je dois vous dire qu’une seule personne s’est prononcée en faveur de Sa Majesté. Isabelle. — Le nom de cette personne. le colonel. — Le boucher de la cour. Il parait que lors de la dernière insurrection on e?t parti si vite qu on n’a pas eu le temps de régler le compte de ce fournis seur, qui voudrait bien voir revenir Sa Majesté pour être payé. Isabelle (très vexée). — Passez-moi vite la plume. (Elle signe.) C’est fait, je ne suis plus reine. Plusieurs personnes jugent convenable de pousser quelques soupirs. Puis on passe au baise-raain de la reine, au dernier baise-main, probablement pour faire enrager le maréchal Prim à qui on répétera la chose. A LA SORTIE ' premier courtisan.— Ver^-vous prendre un bock? deuxième courtisas. _ Très volontiers. Je crois que tout est bien uni. Oui... Reviendrez-vous dans cette maison? — Rarement. — Je n’y remettrai plus les pieds. Je retourne ce...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

En savoir plus
Données de classification
  • rouher
  • de girardin
  • alcindor
  • marfori
  • isabelle
  • pierre véron
  • glais-bizoin
  • a. maurice
  • victor hugo
  • ollivier
  • espagne
  • france
  • véron
  • sacy
  • londres
  • paris
  • marnas
  • orléans
  • tavistock
  • london
  • sénat
  • havas