Extrait du journal

EN JOUE ! FEU ! VOICI DES POLONAIS ! Trois cents Polonais viennent de s’échapper de Southampton, et courent en ce moment les mers, cherchant partout un asile. En apprenant cette nouvelle , M. le ministre de l’intérieur s’est bien vite dit : « En rêvant un lieu de refuge , ces Polo nais penseront tout naturellement à la France ; et en pensant à la France, ils tenteront tout naturellement encore de dé barquer à Gravelines, à Boulogne, à Calais ou à Dunkerque.» C’est assez bien raisonné pour un ministre de l’intérieur. Un ministre qui serait l’homme de Sa révolution, et non pas le familier servile de Louis-Philippe, aurait immédiate ment écrit, dans cette prévision, aux autorités de la 16e divi sion militaire : « Trois cents Polonais vont sans doute débar quer sur vos côtes : apprêtez-vous à leur rendre en bonne et généreuse hospitalité , ce qu'ils nous ont jadis donné en fraternelle assistance. » Mais un ministre élevé à l’école de reconnaissance de la royauté citoyenne ; un ministre qui s’appelle d’Argout ne pouvait procéder ainsi en pareille circonstance. Il ai éfléchi que lorsque viennent à s’échapper des animaux féroces ou des fous furieux, ou bien lorsqu'on signale en...