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Le Charivari, 1 mai 1872

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Le Charivari
1 mai 1872


Extrait du journal

Les prétendans ne sont jamais économes de leur prose. En veux-tu en voilà. Promesses, sermens, ils prodi guent le tout au boisseau. Don Carlos, roi en expecta tive, devait naturellement se conformer à la règle et essayer de décider les niais d’alentour à faire de leurs cadavres un escalier à son futur trône. Sa proclamation au peuple espagnol affirme que son devoir est de mourir pour lui ou de le sauver. Je crains fort qu’à l’instar du général Ducrot, don Carlos ne fasse ni l’un ni l’autre. Qu’il nous permette même de le dire à Sa Majesté hypothétique, on s’accorde à trouver que pour un homme qui veut voler au devant du trépas il a mis trop de temps à prendre son essor, laissant les autres se faire occire en son lieu et place. Quant à sauver l’Espagne, M. le duc de Madrid sait mieux que personne qu’il en est incapable et que son triomphe momentané ne serait que la première étape d’une guerre civile perpétuelle. Mais il faut bien mentir pour faire des dupes. En ce qui concerne la France dans la question, l’avis du Journal officiel a fait l'effet d’une douche salutaire. Quelques-uns des plus fougueux sectaires du panache blanc ont seuls grommelé sans écho. Ils sont incroyables. Du temps de la Commune, ils s’indignaient non sans raison de ce que des Polonais, des Italiens, des Amé ricains vinssent ici prendre part à la guerre civile. Et eux voudraient avoir le droit d’en faire autant en Espagne. Il y a des lois. Il est curieux que ce soient toujours ceux qui parlent le plus haut de la légalité qui soient toujours prêts à les violer. Un grand travail de manipulation s’opère en ce qu’on appelle les groupes parlementaires. Sauf le respect que je lui dois, ce pauvre centre gau che ressemble un peu à la monture de Buridan entre ses deux picotins. On le tire dans tous les sens, et fort ahuri il n’a pas l’air de savoir au juste ce qu’il doit faire. Il faut opter. Comme le disait M. Grévy dans une autre circon stance, en se rapprochant de la droite le centre gauche serait dupe ou complice. Ceux qui voudraient, expédient plus commode, avoir un pied dans chaque camp, doivent être éliminés. C’est du reste ce qui va arriver, et l’aventure aura ceci de bon qu’elle a arraché des aveux bien instructifs aux journaux de la coalition réactionnaire. Le Français notamment a poussé un cri d’alarme qui fend le cœur. Du Jérémie tout pur! Ecoutez-moi ce sanglot : « Il n’y a pas de temps à perdre. Si la majorité ne se consolide pas à droite sur une entente conclue entre la droite modérée, le centre droit et toute la fraction libérale et conservatrice du centre gauche, elle sera ex posée à des divisions sans cesse renouvelées et défini tivement condamnée à l’impuissance. Le Soir ne s’en cache pas; il salue déjà avec enthousiasme l'avènement...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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