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Le Charivari, 1 octobre 1867

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Le Charivari
1 octobre 1867


Extrait du journal

Je viens de lire un entrefilets qui m’a rendu tout rê veur. Voici la nouvelle donnée par un journal de Berlin : « Les fusils à grenade sont bien supérieurs aux fu sils à aiguille. Aussi l’ordre vient d’être donné d’armer douze bataillons d’infanterie de ces nouveaux fusils. » Ainsi le fusil à aiguille est déjà passé de mode; il a vécu ce que vivent les roses. Il y a un an on ne parlait que de lui; aujourd’hui on n’en veut plus. Son règne a été de courte durée; versons un pleur sur sa tombe. Mais cette consommation d’armes à feu est vraiment effrayante. Avant trois mois nous lirons dans les mêmes jour naux : « Quoique l’année prussienne soit entièrement mu nie du fusil à grenade, le gouvernement renonce à cette arme pour la remplacer par une autre beaucoup plus meurtrière appelée fusil infernal. » Les commandes viennent d’être immédiatement faites. » Les soldats passeront donc ainsi leur temps à ap prendre le maniement de nouvelles armes. C’est une distraction comme une autre. Mais ce changement continuel nous promet des scènes bien divertissantes. Une armée sera sur le point d’entrer en campagne. Le roi de Prusse, accompagné de son fidèle Bismark, passe en revue ses vaillans soldats. Au moment du défilé, le roi haranguera ses troupes: • — Braves soldats, dira-t-il, vous n’avez pas besoin d’armes pour vaincre, votre courage vous suffit. Ce pendant quand vous sentez entre vos mains un excelcellent fusil, cela vous donne plus de confiance. Jetez loin de vous celui que vous avez en ce moment, caçil ne vaut rien. Cette nuit un inventeur m’a apporté qua tre cent mille fusils qui ne peuvent être comparés à ceux dont vous vous êtes servis jusqu’à ce jour. Avec cette arme vous pourrez tuer vos ennemis sans même les voir. » Après ces paroles bien senties, on fera avancer des caissons pleins de nouveaux fusils et la distribution commencera. On distribuera des fusils absolument comme à l’heure des repas on distribue la ration à chaque soldat. Mais là ne s’arrêtera pas cette burlesque comédie de l’armement. L’armée prussienne approchera des retranchemens do l’ennemi. Mais au moment de commencer l’attaque un courrier arrivera bride abattue près du général en chef. — Général, dira-t-il, n’attaquez pas encore. — Pourquoi ? — M. de Bismark ne veut pas que vous vous serviez des fusils qui vous ont été remis au moment de votre départ. — Pourquoi donc a-t-il changé d’idée? — Il parait que ces armes sont bien inférieures à celles qui viennent d’être inventées.] — Quand ça ? — A l’instant même. — Mais elles ne doivent pas être prêtes....

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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