Extrait du journal

Hier a eu lieu dans les salons de M. Lemardelay le banquet traditionnel et annuel dit Banquet- Castorine, parce qu’on veut bien m’en attribuer la pensée et la présidence. Ce jour-là toutes les dissidences disparaissent ; ni haussiers, ni baissiers, tous Auvergnats, c’est-à-dire tous membres de cette grande famille qui a la Bourse pour patrie. Le banquet a cela de particulier que la concorde y règne, sans que personne soit obligé de déguiser son caractère ou de dissimuler son impression ; on se croi rait transporté dans ce palais du conte de Marmontel où tout le monde dit ce qu’il pense. Les noms des principales valeurs entourées d’une guirlande de feuillage formaient la décoration simple et élégante de la salle, avec la note du Moniteur formant transparent dans le fond, honneur bien dû à ce modeste entrefilets qui réduit à néant tous les bruits d’em| runts qu’on faisait courir et enlève aux baissiers leur dernier argument. A ma droite j’avais la place Vendôme et à ma gauche la rue Laffitte; le reste des convives avait pris place à volonté, selon la loi des affinités électives. Je ne vous dirai rien du menu, tous les menus se ressemblent. Ar rivons tout de suite à la partie la plus intéressante du banquet, c’est-à-dire au dessert. C’est la place Vendôme qui a ouvert le feu de l’éloquence par le toast suivant :...