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Le Charivari, 2 septembre 1867

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Le Charivari
2 septembre 1867


Extrait du journal

Ce n’est plus une simple pluie, c’est une averse de discours. Il en tombe de tous les côtés et les cataractes déparmentales se sont ouvertes sur nos têtes. Après les significatives harangues de Lille et d’Amiens nous allons avoir à passer en revue une interminable série de morceaux de rhétorique fabriqués à coups de banalités, pour la plus grande satisfaction des conseils généraux. Ne faut-il pas qu’un bon président pérore ? M. de la Guéronnière, qui a des titillations d’élo quence, n’a eu garde de laisser passer l’occasion. Rien de plus amusant que d’analyser ses phrases aussi creuses que gonflées. De loin cela ronronne, ron ronne, on dirait presque dès idées, de près... ah ! dame, do près... En voulez-vous des échantillons? Premier spécimen : « Il y a des esprits dont la prudence s’alarme de tan de grandes choses conçues si hardiment et poursuivies avec une infatigable ardeur. Ces scrupules sont respec tables, mais ils tiennent, à des conditions d’état social que le temps, dans sa marche irrésistible, a profondé ment modifiées. » Comprenez-vous, par hasard? Quant à moi, je me déclare incapable de trouver un sens à ces affirmations sonores. S’il ne s’agit que de grandes choses hardiment con çues et poursuivies avec une infatigable ardeur, la prudence qui s’y oppose est simplement de l’ineptie, et les scrupules qui barrent la route à ces grandes choses n’ont rien de respectable puisqu’ils sont profon dément absurdes. Reste à savoir ce que M. le vicomte entend par gran des choses. Aïe! je crains ici de le comprendre, car il va nous proposer un modèle : « Lorsque l’esprit d’initiative, poursuit-il, arme de la pioche et du marteau, ouvrait dans la capitale cette campagne de démolitions qui devait transformer Paris, que de plaintes, que de Drotestations ! Que de gens très sages assurément traitaient de folie cette reconstruction gigantesque qui semblait exiger un siècle et qui, en quelques années, a créé cette ville splendide dans la quelle se résume avec tant d’éclat la grandeur de no tre pays ! » Pardon, monsieur l’orateur, mais vous nous donnez là la demande et la réponse à la fois. Il faudrait s’entendre. Les plaintes et les protestations soulevées par l’haussmannisation avaient-elles tort? C’est ce qu’il faudrait nous démontrer avant de vous lancer dans les ravissemens et les extases. Vous avouez vous-même que les gens qui traitaient de folie (le mot est vôtre) les procédés de M. le préfet étaient très sages. Pour le coup le galimatias recommence. Si ceux qui parlaient ainsi étaient très sages, c’est en effet l’haussmannisation qui est folle, et vice versa. j Mais les deux à la fois!... t...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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