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Le Charivari, 3 avril 1861

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Le Charivari
3 avril 1861


Extrait du journal

BULLETIN. Oq assure que c’est pour prendre sa revanche de la chute de Tannhaüser que la police autrichienne n’a pas voulu permettre à trois ou quatre Français de nos amis de séjourner à Venise, quoiqu’ils eussent des passeports en règle visés par l’ambassade d’Autriche à Paris. Nous ne savions pas que le prince Richard de Metternich fût un ambassadeur de carton ; nous pensions que c’était un homme sérieux dont la signature devait être respectée dans les pays soumis à la domination autri chienne. Il paraît que nous nous trompions et que les agens de la police de Venise traitent son excellence assez légèrement. Si son excellence est contente, nous n’avons rien à dire; au surplus c’est une affaire à régler entre elle et son gouvernement. Mais ce n’est là qu’un côté de la question et celui qui doit le moins nous intéresser. 11 reste à savoir si nous sommes en paix ou en guerre avec l'Autriche. Si nous sommes en paix, d’où vient que l’on interdit l’accès de la Vénétie à des Français, lorsqu’on voit tant d’Autrichiens se promener librement en France et à Paris ? C’est une vieille habitude prise à l’étranger de traiter nos compatriotes un peu lestement. Sous le règne de Louis-Philippe, les choses en étaient venues à ce point que des Français voyageant en Allemagne ou en Italie prenaient quelquefois le parti de déguiser leur nationa lité pour éviter les tracasseries d’une police malveillante. Je connais par exemple un ancien pensionnaire de l’Aca démie de France à Rome qui, arrivé à Venise avec un passeport du ministère des affaires étrangères, n’aurait jamais pu séjourner dans cette ville sans l'intervention du consul des États-Unis. Nos agens à l’étranger savaient que prendre trop chaudement à cœur les intérêts de leurs nationaux n’était pas une bonne note auprès de M. Gui zot. J’aime à croire que ces traditions sont abandonnées aujourd’hui. Il faut reconnaître aussi qu’en dehors des questions militaires, la fibre patriotique vibre assez mollement en France. Il nous manque cette sorte de franc-maçonnerie nationale que les Anglais particulièrement possèdent à un si haut degré et qui est leur porte-respect à l’étranger. Cela tient-il uniquement à la légèreté de notre caractère? Je l’ignore et je me borne à constater le fait. Puisque nous en sommes sur les exploits de la police autrichienne, parlons d’un livre dont la vente et la circu lation viennent d’être interdites dans tout l’empire et qui est intitulé : La Justice en Autriche, Mémoire de A. Snider. Ce que la police de Vienne se garde bien de dire c’est que les révolutions contenues dans ce livre de cinq cents pages, qu’elle appelle une brochure pour en dimi nuer l importance, s’appuient sur 2,646 documens au thentiques. L’auteur de ce livre M. A. Snider, citoyen de Trieste où il était à la tête d’une des maisons de commerce les plus importontes de cette ville, raconte simplement son histoire, et il se trouve que ce récit est le plus éloquent et le plus terrible réquisitoire contre l administration au trichienne. Il faut lire ce livre pour savoir jusqu’où peu vent aller l’oppression, le désordre administratif, le gas pillage des deniers publics, le vol légal, l’iniquité des fonctionnaires, la mauvaise foi judiciaire, le déni de justice dans un pays soumis au despotisme. Ali ! si l’em...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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