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Le Charivari, 4 mai 1872

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Le Charivari
4 mai 1872


Extrait du journal

Au premier aoord il peut sembler fâcheux de n’avoir pas une opinion bien arrêtée sur les affaires d’Es pagne; mais en y regardant de plus près on arrive à être satisfait de pouvoir se désintéresser d’une lutte dont le résultat, quel qu'il soit, ne doit amener pour nous rien de particulièrement heureux. ’ En examinant superficiellement la question, il est évident pour tout cœur bien né que les Bourbons d’Es pagne n’excitent qu’un intérêt médiocre. Mâles ou fe melles, les derniers souverains de cette race ont laissé tout à désirer au point de vue de la sagesse gouverne mentale. Ferdinand VII. la reine Christine, l’innocente Isabelle ne m’ont jamais compté au nombre de leurs plus chauds partisans. D’un autre côté il doit être permis de ne pas s’en thousiasmer pour don Amedeo. Son origine italienne nous rappelle forcément les vilains bruits qui courent sur certain traité secret conclu entre le roi VictorEmmanuel et l’empereur Guillaume. Il y aurait donc naïveté à se passionner d’une façon exagérée pour le prince italien qui pourrait à un mo ment donné introduire une nouvelle tête dans le bon net de nos ennemis. Mais faut-il pour cela faire brûler des cierges à l’in tention du duc de Madrid? sainte Geneviève elle-même, la patronne de Paris, ne nous le conseillerait pas. Avoir pour voisin le représentant le plus encroûté de la légitimité n’est point un sort digne d’envie; et je doute fort que notre République fasse bon ménage avec lui. Il aura, à n’en pas douter, une façon de gouverner qui ne s’appuiera que bien légèrement sur les princi pes de 89. Sa manière de comprendre la liberté s’inspirera des souvenirs laissés par son oncle Ferdinand. Sa tolérance en matière religieuse devra ressembler à celle de Philippe II; et si l’inquisition a quelque chance de refleurir, c’est à l’ombre de son trône. Tout au moins l’appui que lui donne 1° clergé est un sûr garant que les juifs n’arriveront pas sous son règne aux premières dignités de l’Etat. Ici nos légitimistes, mis en appétit, feraient des pieds et des mains pour nous pousser dans la voie glorieuse ouverte par les Espagnols. Henri V deviendrait plus que jamais l’homme providentiel, et le drapeau blanc serait tiré de sa vieille armoire avec la sainte Ampoule et le panache déplumé du Vert-Galant. Tout cela n’est pas de nature à nous enthousiasmer pour la cause du duc de Madrid. Malheureusement la partie adverse, don Amédée, ne peut inspirer qu’une confiance restreinte. Il est évi dent que la Prusse aura ses sympathies au détriment de la France. Son père ayant manqué de reconnais sance envers nous, il rie se croira pas forcé d’en mon trer plus que lui. Il est si doux de s’acquitter sans bourse délier ! Et de là vient ma(quiétude profonde sur l’issue de la lutte engagée. Les carlistes sont battus? Que m’importe I...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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