Extrait du journal
Le cas de M. Saint-René Taillandier étant entré du premier coup dans le domaine des manifesta tions tumultueuses, nous nous sommes abstenu d’apprécier la conduite du professeur dont les vio lences oratoires étaient sinon absoutes, du moins compensées par les violences matérielles de ses adversaires. Mais, nous l’espérons, le tumulte a cessé défini tivement. Il nous devient par conséquent possible d’apprécier les inconvenantes sorties auxquelles s’est livré le professeur qui de son enseignement littéraire a prétendu faire un enseignement poli tique. On s’étonne qu’animé de sentiments si dévote ment réactionnaires, M. Saint-René Taillandier n’ait pas volé déjà depuis longtemps dans les rangs des Facultés catholiques , où il serait si bien à sa place. Probablement, c’est parce que ces Facultés-là ne donnaient point à ses appointements des garanties suffisantes d’avenir, que les chaires de l’Etat n’ont pas eu le bonheur de perdre cette emphatique et infatuée médiocrité. Mais si M. Saint-René Taillandier entend rester universitaire au point de vue du traitement, il fau drait qu’il le restât aussi au point de vue des doc trines et des devoirs. Or, lestiaditions de l’Université ne sont pas d’in jurier, mais de discuter. Le professeur d’éloquence française (professer ce qu’on ne connaît pas !) a donc eu tort lorsqu’en bloc il a flétri les hommes de la Révolution française, sans même daigner les étudier. On a eu tort, d’autre part, de taire une réclame à M. Saint-René Taillandier, ex-collaborateur des Tuileries, — ce qui ne l’empêcha pas d’émarger, comme secrétaire de l’instruction publique, avec M. Jules Simon,— on a eu tort, dis-je, de faire une réclame au cours obscur de ce suecesseur dégénéré des maîtres d’autrefois, en fomentant une petite émeute qui va lui permettre de prendre des atti tudes de martyr. La vraie expiation* en pareil cas, est le QiPil reste seul 1 Qu’on laisse donc M. Taillandier en tête-à-tête avec les quelques séminaristes qui lui continueront leur clientèle. Aux chalands, on jugera la marchan dise. Les questions d'humanité ont, il faut malheu reusement le reconnaître, beaucoup moins le don de passionner le public et la presse que les ques tions de parti. C’est pour cela sans doute qu’on s’est montré si indifférent au sujet de l’odieux crime de Tonnerre. Nous disons crime, et nous y insistons. Est-il admissible qu’une simple révocation soit trouvée suffisante pour châtier ceux qui ont laissé cuire vivants deux malheureux, mis au violon pour des délits futiles? C’est devant la cour d’as...
À propos
Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.
En savoir plus Données de classification - clopin
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