Extrait du journal

— Un peu quoi ? — Je voulais dire trop... Tiens ! tiens !... M. le baron lisait probablement, au momentoù j’entrais, le discours de M. Thiers... un homme de bien du talent; seule ment un peu... ou plutôt y-op... Silence! M. le baron a lu aussi sans doute le discours de M. Magne. Voilà de la vraie éloquence! Silence. . — Quel homme ! quels chiffres ! quels poumons ! — Pardon, monsieur le procureur général, mais tout cela ne me dit pas le motif qui... — Le motif... ali! oui... le motif... mon dieu, mon sieur le baron, je... Veuillez m’excuser... nous... Le... Permettez-moi de me retirer, je ne me sens pas bien. J’aurai l'honneur de repasser demain ou... serviteur, monsieur le baron... Et M. le procureur général redescend quatre à quatre en pestant contre la corvée qu’on lui impose. Une autre fois la scène ee passerait dans la rue. M. le procureur de Castel-Gandin, poursuivant son enquête, aborderait un commissionnaire en se disant : — Cette nature primitive et candide sera plus aisée à sonder. Sondons. Puis tout haut : — Mon ami. — Voilà, bourgeois... c’est pour un coup de cirage, mettez votre pied là. — Non, merci. — Alors, une lettre à porter... contiez-moi le poulet. Une vraie locomotive... — il ne s’agit pas de lettre non plus. — Ali ! — Mon ami, as-tu entendu parler de M. llouher? — Veguement. — Un grand homme, mon ami, un des plus grands hommes des temps modernes. — Je ne vous démentirai pas, vu que... — Il ne me démentira pas, bon symptôme. Voilà un esprit dont l’état fera plaisir à notre garde des sceaux. Prenons des notes. [Ecrivant.) — « commissionnaire : » Esprit dans un état parfait... a— [Haut.) De sorte qu’avec ta légitime admiration pour notre illustre mi nistre, tu dois voter... — Je vote pour M. Trois-Etoiles. — Le candidat de l’opposition ! Et moi qui ai écrit... Ma foi, laissons toujours, du moment que c’est agréable au garde des sceaux... Le spécimen qui précède est de nature à faire comprendre, par le grossissement du ridicule, ce qu’il y a de non-pratique et d’illogique dans l’idée prêtée à M. Baroche. Espérons que ce projet sera désavoué, sans quoi l’état des esprits ne sera et ne pourra être qu’une hila rité prolongée. pierre Véron....