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Le Charivari, 5 octobre 1855

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Le Charivari
5 octobre 1855


Extrait du journal

LETTRE DU JEUNE PRUDHOMIYIE A SON PÈRE A PROPOS DE L’EXPOSITION • Me voici rentré au collège, suivant vos ordres, mon très honoré père ; je suis donc tout à fait à même de réfléchir sur l’heureux emploi de mes va cances que vous m’avez fait passer en grande partie dans l’annexe des Champs-Elysées. Cette récompense sérieuse m’était bien due pour le troisième accessit de santé que j’avais eu le bon heur d’obtenir à la fin de la dernière année scolaire. Vous m’avez donné ordre de vous envoyer u compte Tendu exact et détaillé des grandes chose s que nous avons vues dans l’annexe, ma sœur Clytemnestreetmoi, sous vos auspices. J’ai encore souvenance de la phrase que vous m’avez adressée en me quittant : « Souvenez-vous, Régulus, que l’exposition uni verselle est à vos yeux un des jalons à la fois progressifs et simultanés du grand horizon indus- triel dont vous êtes un des rouages nécessaires dans un avenir prochain qui vous est réservé dès à pré sent par le concours de tous les peuples, » Mais vous écrire aujourd’hui ce que j’ai vu dan l’annexe, c’est impossible. J’ai trop de bouillonnemens, trop d’ébullutions, trop de produits, de machines, de roues, de pistons, de poulies et de locomotives qui me piaffent et me dansent à la fois dans la pensée. Ma cervelle fume comme une chaudière à va peur. Grande et heureuse nouvelle, mon cher père ! Vous m’avez dit qu’il n’y avait plus aujourd’hui que l’industrie, rien que l’industrie. —Du fer ! du fer ! m’avez-vous crié sans cesse en me promenant en laisse et sans muselière dans l’annexe : du fer et de la houille ! du cuivre et du zinc! tout est là! l’a venir aune une forte odeur de caoutchouc, comme dit ce vieil Allemand. — O Régulus, si tu pouvais mordre à l’industrie, m’ajoutiez-vous avec vos lunettes humectées de lar mes, quel doux espoir reluirait dès aujourd’hui à mes entrailles paternelles ! Eh bien, mon père, j’y mords, j’y mords énor mément, à cette industrie, non pas seulement moi, mais tous mes camarades que leurs parens ont con duits aussi dans J’annexe pendant les vacances et qui en sont revenus avec la tête remplie de bosses...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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