Extrait du journal
Ceux-là : au calembour. La vérité est, monsieur, que sans ses vins la France ne marcherait pas à la tête de la civilisation. Veiller sur ses vins, les améliorer, les rendre de plus en plus dignes de leur haute réputation, voilà en quoi consiste le patriotisme du vrai propriétaire français. » Rester au bourgogne fidèle, Du bordeaux chérir les attraits, Voilà, voilà ce qui s’appelle Agir en vigneron français. C’est pourquoi les viticulteurs du beau pays de France avaient eu l’idée de se réunir en congrès. Ce n’est au’en congrès qu’on élucide bien une ques tion, vous en avez la preuve dans le congrès de Liège; tous les progrès dans les sciences, et la viticulture est une_seience, se sont réalisés au moyen des congrès^ les congrès ont remplacé la presse ; si nous étions encore sous fie régime parlementaire, on pourrait dire qu’ils sont un quatrième pouvoir dans l’Etat. L’idée d’un congrès viticole a été accueillie avec en thousiasme. La Bourgogne nous a envoyé la première son adhé sion chaleureusement motivée. Le Bordelais a déclaré qu’il enverrait des délégués de tous ses crus. La Champagne, qui avait d'abord élevé quelques dif ficultés de préséance, a fini par adhérer brièvement et simplement. Le Beaujolais et le Maçonnais ont adhéré en masse; il en a été de même des côtes du Rhône, des côtes de la Loire, des côtes du Cher, des côtes du Rhin, des côtes de la Moselle et de toutes les autres côtes ; je me fais un devoir de signaler l’empressemeni des côtes de Suresnes et d’Argenteuil. Dans une réunion préparatoire, nous nous sommes occupés du choix de la ville destinée à devenir le siège du congrès : Bordeaux, Epernay, Beaune, Maçon avaient de chauds partisans. Après plusieurs scrutins sans résultat, c’est Maçon qui a fini par l’emporter. Restait à obtenir l’autorisation de l’autorité, car en France on ne se réunit pas même pour améliorer les vins sans que l’autorité s’en mêle. J’ai donc été chargé de prendre la plume et d’écrire au gouvernement pour lui demander de vouloir bien octroyer aux viticulteurs français la permission de former un congrès à Maçon. Le gouvernement m’a répondu : Non possumus. Nous en sommes encore, monsieur le rédacteur, à nous demander quels peuvent être les motifs de refus. A-t-on craint que les viticulteurs, au lieu de s’occuder du cépage, du coupage et du vinage, ne missent aux voix : L’existence de Dieu, La morale indépendante, L’instruction obligatoire, La suppression de tous les cultes, Et autres questions du même genre. C’est là un point que nous n’avons pu éclaircir jus qu’à ce jour; le non possumus n’a été suivi d’aucune explication, jusqu’à ce jour, du moins. Sans doute le gouvernement n’a pas eu le temps de nous faire connaitre les motifs de sa décision, cela viendra peut-être plus tard. En attendant, nous avons décidé que nous nous réu nirions quand même, non point en France, car la viti-...
À propos
Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.
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