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Le Charivari, 7 mai 1852

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Le Charivari
7 mai 1852


Extrait du journal

— Où monsieur voudra, à l’hôtel. — Et à quel hôtel ? — Je n’en sais rien. — Moi non plus. Tu devrais comprendre que mon embarras vient justement de ce que je ne sais dans quel hôtel me présenter, et ta proposition prouve que tu es un imbécile. Le commissionnaire s’éloigna en murmurant. Il y a encore des provinciaux qui ont la manie de tu toyer les commissionnaires. L’inconnu s’approcha de moi. — Je me nomme Mistral, me dit-il, j’arrive de Marseille pour assister aux fêtes militaires du 10 mai ; j’ai servi moi-même, j’aime le bruit du canon, l’odeur de la poudre et tout le tron de l’air ! Je me serais brûlé la cervelle plutôt que de ne pas assister aux fêtes du Cliamp-de-Mars. — Eh bien, assistez-y. — C’est mon intention et je défie bien que l’on m’en empêche. Personne ne serait fichu d’avoir le poignet assez solide pour cela. Seulement je voudrais trouver un logement pour moi et mes effets. — Allez à l’hôtel. — Tous les hôtels sont pleins. — Vous les avez visités ? — Non, mais j’ai lu dans les papiers gazettes qu’il y avait à Paris une telle affluence de voyageurs ve nus pour assister aux fêtes, que l’on ne trouvait plus à se loger nulle part. — Essayez toujours. — Dieu m’en garde ! je ne suis pas homme à es suyer un affront. Si je me présentais dans un hôtel et qu’on refusât de m’y recevoir, vous ne connaissez pas Mistral, si vous croyez que ça se passerait bien. Nom d’une bouillabaisse! je casserais tout; l’auber giste, sa femme et ses garçons auraient affaire à moi ; je ne demanderais que le temps d’ôter mon habit et de retrousser mes manches pour fouiller, farfouiller, sarcir, encrapoucliiner, concasser et estardarasser toute la maison ! J’écorcherais le chat tout vif et l’on verrait un tel carnage que l’on se souviendrait éter nellement de Mistral. — En ce cas, il est prudent de ne vous présenter nulle part. — Parbleu ! Mais, où me logerai-je? — Je vous conseille de bivouaquer sur le boule vard....

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • chaillot
  • billy
  • paris
  • marseille