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Le Charivari, 8 avril 1852

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Le Charivari
8 avril 1852


Extrait du journal

Paris prendront leur vol comme une compagnie de perdreaux : — ils ne viendront se rabattre près de leurs livres qu’au bout de six semaines ou deux mois. J’ai consulté des académiciens bien autrement in struits que le concierge des grandes catacombes lit téraires de la rue Richelieu et aucun d’eux n’a pu me donner une raison plausible pour m’expliquer à quel propos les conservateurs ont le droit, pendant deux mois de l’année, de cesser de conserver les vo lumes confiés à leur garde. Il est évident que des bibliothécaires sont utiles ou inutiles. Dans le premier cas, pourquoi s’absentent-ils pen dant soixante ou quatre-vingt jours;—dans le second cas, pourquoi les force-t-on à rester aux ordres du public pendant dix mois de de l’année ? Les habitués de la Bibliothèque de la rue Riche lieu se composent de deux classes bien distinctes : Les uns sont des écrivains qui viennent chercher dans de vieux ouvrages des matériaux pour compo ser des volumes tout neufs, de même que l’on con struira des maisons modernes avec les solives et les moellons des anciens édifices démolis place du Car rousel. Les autres sont des lecteurs qui, pour ne pas dé penser deux sous par séauce dans un cabinet de lec ture, vont lire dans la rue Richelieu les romans de Pigault-Lebrun aux frais de la nation,—quelques uns de ces habitués, pour se donner un faux air d’é crivains, se mettent de temps en temps à prendre des notes : — mais quand on regarde par dessus leur épaule on voit qu’ils copient des recettes du Parfait Cuisinier. Enfin n’importe, ce qu’il y a de certain, c’est que les vacances que prennent les conservateurs mettent les habitués des bibliothèques nationales dans un grand embarras;—ilsnesavent plus que faire de leur journée et on les voit errer comme des âmes en peine depuis midi jusqu’à quatre heures tout le long des trottoirs de la rue Richelieu .Les malheureux sont réduits, pour se distraire, à lire les enseignes, et ceux qui tiennent le plus à s’occuper prennent des notes sur les affiches de spectacle. Ce n’est pas là le seul inconvénient des vacances des bibliothèques, nous devons en signaler un autre bien plus grand encore. Toutes les fois que l’on ferme les salles de la rue...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • richelieu
  • de girardin
  • pigault-lebrun
  • plutarque
  • paris
  • bruxelles
  • bonnal
  • bibliothèque nationale
  • bibliothèque royale