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Le Charivari, 8 juillet 1851

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Le Charivari
8 juillet 1851


Extrait du journal

RELATION d’un voyage du président de la république EN 1951. Landernau, 7 juillet 1951. M. Pierre, président de la République, est arrivé hier dans notre ville par le premier convoi du che min de fer. Les autorités n’ayant pas été prévenues ne se sont pas portées à sa rencontre ; on sait d’ailleurs qu’il n’y a plu d'autorités, dans le sens qu’on donnait anciennement à ce mot. Il y a seulement quelques fonctionnaires, en très petit nombre, qui s’occupent d’administrer la chose publique et ne perdent pas leur temps à parader dans les rues et dans les em barcadères des chemins de fer sous le moindre pré texte. Grâce à Dieu, on n’entend plus aujourd'hui de ces plats discours et de ces sottes flagorneries qui étaient encore tolérés il y a cent ans. M. Pierre est descendu du wagon, accompagné de son unique secrétaire, et il s’est fait indiquer la meilleure auberge du pays. Un commissionnaire s’est chargé de son sac de nuit et l’a conduit à la Tête noire. Plusieurs personnes ont reconnu le pre sident, et le bruit de son arrivée s’est aussitôt ré pandu. Sur son passage chacun se découvrait avec respect, mais il n’y a eu d’acclamation d’aucune sorte ; seulement un citoyen s’étant approché du président lui a serré la main en s’écriant : — Vive M. Pierre ! Celui-ci lui a répondu en souriant : — Mon ami, je vous remercie de votre bienveillance pour moi, permettez-moi cependant de vous faire une observation. Les citoyens d’un pays libre doi vent porter fièrement leur liberté et ne pas crier à tout propos : Vive celui-ci ou vive celui-là! Il faut que tout le monde vive, mais personne n’est indis pensable au salut de l’Etat. Si, en poussant le cri que je blâme, vous n’aviez d’autre but que de me don ner à comprendre qu’à votre avis je m’acquitte con venablement de mes fonctions de président, je ne puis qu’être touché de cette manifestation, mais considérez, je vous prie, que vous prenez feu trop...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
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