Extrait du journal

Du boulevard des Italiens, dimanche 8 janvier 1865. Monsieur le rédacteur, Salut à l’année nouvelle ! Sou premier jour a vu les sarrasins couchés sur la poussière. A peine en restait-il quelques-uns après la liquidation de la Rente pour annoncer la défaite de l’armée. Les acheteurs auraient tort de se plaindre ; impossible d’obtenir pour eux de meilleures conditions. En voyant tant de titres levés et le report tombé à 20 centimes, les vendeurs ont compris qu’il fallait, coûte que coûte, se racheter. De là un mouvement de hausse qui a porté un moment la Rante au-dessus de 67. Un franc de hausse depuis la réponse des primes, que voulez-vous de plus ! La physionomie du marché. Je ne suis pas tout à fait aussi content de la liquida tion des valeurs, quoique les acheteurs aient toujours gardé l’avantage ; quelques livraisons d’Emprunt italien et de Mobilier espagnol ont retenu momentanémunt l’essor de la hausse. Le découvert sur le Crédit mobilier est toujours aussi considérable et aussi tenace. La preuve est le déport de 2 francs, constaté ce mois-ci sur cette valeur comme le mois précédent. Somme toute, monsieur le rédacteur, je suis satisfait de nos avantages, et par dessus tout de l’heureux chan gement qui s’est opéré dans la physionomie du marché. La physionomie, tout est là, le faciès, demandez plutôt aux médecins. Aussi je m’inquiète fort peu de la tentative des bais siez pour reprendre l’olfensive après la double liqui dation et de la petite satisfaction qu’ils se sont donnée de faire redescendre la rente à 66 75. Là s’est borné leur triomphe. L’enquête et le pêcheur de Cannes. Et cependant quel puissant auxiliaire n’ont-ils pas trouvé dans le pêcheur de Cannes, revenu tout exprès des rives de la Méditerranée- pour vendre cinquante Mo biliers et pour assister à l’enquête, à la fameuse en quête qui ne peut manquer, s’écriait-il au milieu des baissiers faisant chorus, de faire perdre 100 fr. aux actions de tous les établissemens de crédit en général et à celles du Crédit mobilier en particulier. Et pourquoi cela, mon cher pêcheur de Cannes? Examinons un peu cette question. Que la Banque de France ait cru être désagréable un Crédit mobilier en demandant que l’enquête qui va s’ouvrir sur elie s’étendît à toutes les institutions de crédit, cela est fort possible mais qu’elle ait atteint le but, voilà ce que personne ne croira. Le livre de M. Isaac Pereire n’a pas été inspiré par un étroit esprit de boutique, puisqu’il faut dire le mot. Il ne demande pas l’amoindrissement d’un établisse ment quelconque, mais l’organisation d’un vaste sys tème de crédit pouvant faire face à toutes les exigen ces financières, industrielles et commerciales de notre époque....