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Le Charivari, 9 octobre 1855

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Le Charivari
9 octobre 1855


Extrait du journal

— Ce n’est pas tout à fait cela, sire. Je n’ai trouvé personne dans le pays, sauf un enfant et une vieille femme paralytique. Ils disent qu’il est passé hier par ici un corps de troupes russes se rendant en Cri mée, et que ces soldais ont tout pillé et saccagé. Les habitans effrayés se sont sauvés dans les bois voisins d’où ils n’osent pas encore sortir. — Que voulez-vous, Oursikofl. Il faut passer quelque chose aux défenseurs de la sainte Russie. Les occasions de faire bombance sont trop rares, pour qu’ils ne profitent pas de celles qui se présen tent. — Ces villageois se plaignent d’avoir été un peu battus. — Bab, bah, ils rentreront chez eux demain et il n’y penseront plus. — Allons, fouette, cocher. Je remarque, Oursikoff, que nous traversons de puis ce matin bien des plaines incultes. Il faudrait savoir ce qui en est. Faites-moi venir le propriétaire de cette belle maison que je vois à peu de distance delà route... — Sire, voici notre homme. — Avancez, monsieur ; vous êtes un boyard, je suppose. — Oui, sire. — Et le propriétaire de toutes ces terres qui nous entourent ? — Oui, sire. — Expliquez-moi, je vous prie, comment il se fait qu’elles ne sont pas cultivées? — Volontiers, sire. Pour cultiver des terres il faut des serfs et du bétail. — Sans doute. — Tous mes serfs font aujourd’hui partie de l’ar mée du prince Gortschakoff. Quant à mes bœufs, ils ont aussi suivi l’armée, mais je pense qu’il doi vent avoir été manges à l’heure qu'il est. — Alors, monsieur le boyard, vous voyez avec peine la prolongation de la guerre ? — Dieu m’en garde, sire ; je sais trop qu'il y va de la gloire de saint Serge et du bienheureux Mitophan. Seulement je me demande, ne pouvant pas cultiver la terre cette année, ce que nous mangerons l’an prochain. — Ce boyard a dû faire un voyage à Paris aulrefois, et il est évidemment gangrené par les idées françaises. Oursikoff, envoyez-le dans un régiment comme simple soldat... Pour nous résumer, i! me semble que les choses...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • clément caraguel
  • prüdhomme
  • paris
  • russie
  • colbert
  • odessa
  • turquie
  • bab
  • angleterre
  • alençon
  • conseil de guerre