Extrait du journal
me, puis enfin le dernier, composition d’une conception et d’un vigueur tout-à-fait Michel-Angesques : Qui donc est-tu ? — Satan. Ce poëme d’Eloa, c’est l'histoire de nos plus douces amours , de nos plus cruels désenchantemens. Qui n’a pas eu ou ne rêve pas encore son ange, sa Marguerite , son Eloa ? Qui n'a cru voir, dans la femme rêvée, un séraphin planer sué sa tête et lui tendre ses ailes pour l’emporter au ciel ? Et qui n’a senti ployer sous son poids, les ailes du séraphin, et qui n’a posé, d’a bord un pied ferré de mépris sur la poitrine haletante, puis une main chaude de pitié, sur le cœur ulcéré de l’ange déchu? Cette Marguerite, que vous avez vue, sans doute , filant à sa porte, inclinée rêveuse sur le vieux rouet de famille, et que vous ne voyez plus depuis si long-temps déjà , c’était une ange du ciel, née sur la terre, créée par Dieu, pour être la consolation d’une mère pauvre et pieuse. Cette Eloa , au contiaire, dont Milton et Klopstock avaient pressenti la création dans la pensée de Dieu, et dont M. de Vi gny est allé entendre, par une belle nuit d’été, raconter l’histoire par les chérubins; cette Eloa que M. Ziégler a regardée vivre à travers les nuages de poésie céleste, c’est une ange de la terre née dans le ciel. L’amour dégrade et tue l’ame qu’il n’élève : pas telle est la double pensée de Goëthe et de M. de Vigny, parfaitement ren due par M. Ziégler. ILS EN SONT DEJA A LA CENSURE. T a ni mieux ! ils arriveront plus tôt. Nous avons dit hier que M. Thiers ayant réuni les directeurs des théâtres dans son cabinet, leur a signifié qu’ils eussent à l’a venir à lui remettre les manuscrits des pièces, pour qu’il pût les censurer à sou aise avant la représentation. Le petit ministre n’a pas même cherché, dit-on , à dissimuler le sens véritable et la poitée réelle de cette mesure. 11 l’a tout bonnement appelée par son nom, et a dit tout haut : Ce que je veux , c’est la cen sure !... Si nous avions du temps et du papier de reste, nous nous ré pandrions en doléances sur cette nouvelle pierre qu’on arrache, comme dirait le Constitutionnel, à l’édifice de la liberté dramati que. Mais ce pauvre édifice est tellement délabré, tellement troué à jour, que ce n’est pas la peine de se mettre en frais pour con server ce qui en reste, s’il en reste. Quoiqu’il arrive, que la censure continue de s’exercer de fait ou qu’elle s’exerce enfin no minativement, les théâtres ne peuvent pas rencontrer un régime pire que le régime présent, sous quoi la police s'est attribué le droit non-seulement de biffer tes couplets ou les passages qui lui déplaisent, et au besoin de supprimer les pièces tout entières après la représentation, mais encore de s’ébouriffer à l’ouïe du titre et de faire déchirer l’affiche par des sergens de ville ; qu’un régime enfin sous quoi nul honnête citoyen ne peut aller le soir au spectacle, sans s’exposer à voir surgir à ses côtés , au milieu d’une déclaration d’amour,un commissaire de police en écharpe, et à être chassé de la salle par des estafiers peu chiches de bour rades....
À propos
Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.
En savoir plus Données de classification - ziégler
- klopstock
- léonard de vinci
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