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Le Charivari, 12 juin 1851

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Le Charivari
12 juin 1851


Extrait du journal

obligé de dresser dans un coin, pour les convives surnuméraires, de petites tables auxquelles il était vraiment honteux de s’asseoir. C’est ce qu’on appelle généralement dans les petits ménages des tables d’enfans. Mais dans les petits ménages, où il n’y a rien d’officiel, tout se fait à l’amiable, tandis qu’à l’hôtel de la présidence il n’était pas aussi facile de s’arranger. Chaque convive avait sa dignité per sonnelle à faire respecter; on était obligé de tirer au sort pour savoir qui s’asseoirait aux petites tables et c’étaient des discussions interminables qui ne s’apaisaient qu’en apparence. Bien des rancunes vivaces et des divisions dans le parti de l’ordre n’ont pas eu d’autre origine. C’est donc au nom des grands intérêts de l’ordre que je viens vous deman der de voter d’abord un crédit de 25,875 fr. Ce crédit n’est pas affecté seulement à la construc tion d’une nouvelle table, il servira encore à acheter de l’argenterie. Tout en effet dans l’hôtel de M. Dupin se ressent de la logique bien connue du personnage qui l’ha bite. Sa table ne pouvant contenir que 50 couverts, il n’y a tout juste que l’argenterie que comporte le service de cette table. Qu’arrive-t-il ? Je vous ai déjà dit que les convives supplémentaires sont contraints de prendre place à de petites tables ; quelques uns même, dans les jours de grand gala, mangent à terre ou sur leurs genoux. Ce n’est pas tout, faute d’ar genterie on ne leur donne que des couverts en maillechort ou en fer ; on en a vu qui n’avaient qu’une fourchette pour deux ou même qui étaient obligés de se servir de leurs doigts. Ce spectacle fait la honte d’une grande nation comme la France; c’est tout au plus si l’on en pourrait trouver des exemples chez les peuples sauvages, et là encore at-on au moins des baguettes de bois pour piquer le riz. Permettez-moi de vous citer à ce sujet les récits des voyageurs. plusieurs voix. — C’est inutile. m. noel (de Cherbourg). — Je passe à un autre sujet. Vous savez que depuis 1830 la calomnie s’est attachée aux pas de notre illustre président. On l’a accusé de porter d’énormes souliers ferrés. Dire que M. Dupin n’a jamais porté de souliers ferrés , ce se rait trop s’avancer. Mais il est constant que depuis qu’il a l’honneur de présider l’Assemblée nationale législative, M. Dupin ne porte plus que des escar pins ( M. Dupin, assis â son banc, lève le pied et montre sa chaussure).C’est un coûteux sacrifice qu’il fait à la gravité de ses fonctions et à la dignité de...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • dupin
  • erdan
  • noël
  • edgar quinet
  • crémieux
  • victor hugo
  • cherbourg
  • france
  • evénement
  • assemblée nationale