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Le Charivari, 14 janvier 1878

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Le Charivari
14 janvier 1878


Extrait du journal

était bien de nature à amener une baisse sur les Fonds des deux pays. Eh bien ! non, la Rente française et la Rente ita lienne ont monté au cri poussé par les meneurs : Le roi est mort, vive le roi ! La mort de Victor-Emmanuel. Il est certain, en effet, que dans un gouverne ment constitutionnel, où les rouages de la machine politique marchent sans aucun frottement, il n’y a rien de changé par la disparition du chef de l’Etat. Le prince Humbert suivra, tout porte à l’espérer, les mêmes tendances que son illustre père ; la mort de Victor-Emmanuel n’en est pas moins une grande perte pour l’Italie, et l’on peut ajouter pour l’Eu rope entière. Le roi galantuomo, outre son pouvoir officiel, était investi d’une grande autorité personnelle due à ses brillantes qualités, à sa bravoure militaire, à ses talents politiques, à la parfaite loyauté dont il avait toujours fait preuve dans l’exercice de ses fonctions de roi constitutionnel. Tous les princes de l’Europe le tenaient en haute estime, et le peu ple ilalien l’adorait parce qu’il voyait en lui l’homme qui, conseillé par Cavour et aidé par la France, avoit fondé l’unité italienne. Un tel souve rain ne se remplace pas en un jour. Que ne suis-je Bossuet ! Le marché officiel a non-seulement ratifié les bonnes dispositions du marché libre, il a même accentué le mouvement de hausse de nos Fonds et surtout de l’Italien, qui a monté d'un franc dans une seule Bourse. Ah ! si tu vivais encore, Bossuet, ma vieille branche, c’est toi qui ferais des phrases ! Je t’en tends d’ici t’écrier de ta voix solennelle : Vanité des vanités! Néant des spéculations humaines et finan cières, même en face des plus graves événements ! Et Bossuet aurait raison. C’est à n’y rien com prendre absolument et à jeter sa langue aux chiens. La mort du roi d’Italie, en ce moment surtout, faisant de la hausse, voilà qui est ruisselant d’inouïsme, et Victor - Emmanuel ne peut qu’en être mortifié, s’il voit cela du haut du ciel. Mais que servirait-il de raisonner? La Bourse est menée à la baguette contre vents et marées; les meneurs sont maîtres de la situation, et ils feront monter tant que cela leur fera plaisir, sans que personne y puisse rien faire. Jean qui pleure, ou Jean qui rit. Je dois dire qu’à Londres les espérances pacifi ques dominent en ce qui concerne la question d’Orient. Aussi les Consolidés ont monté jeudi. Ce même jour, le taux de l’escompte de la Banque d’Angleterre a été abaissé de 1 0/0. lout cela donne du courage aux meneurs....

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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