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Le Charivari, 15 août 1854

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Le Charivari
15 août 1854


Extrait du journal

Monsieur le rédacteur. Nous sommes fort inquiets en Pologne des inten tons amicales que l'on prête au tzar en notre faveur. Il se trouve, dit-on, dans les dispositions les plus bienveillantes, mais toutes ces avances nous font trembler. Que diable peut-il nous vouloir ? Il a déjà tiré de la Pologne tout ce qu’il pouvait en tirer, et c’est bien ici le cas de dire qu’il a mangé notre dernier homme et dépensé notre dernier rouble. Je ne vois pas trop et aucun de mes compatriotes ne voit plus que moi ce qu’il pourrait faire de plus. C’est ce que nous nous demandons tous avec la plus grande anxiété. Mais cet homme est si ingénieux qu’on ne le trouve jamais à court d’idées , et qu’on ne sait pas au juste de quoi il est capable. Les concessions qu’il prétend vouloir faire à la Po logne cachent donc quelque chose, mais quoi? Je me creuse en vain la tête pour trouver quelque mal qu’il puisse nous faire et qu’il ne nous ait pas déjà fait. Récapitulons un peu. Après la dernière insurrection de Varsovie, Nico las a fait semblant de pardonner à ceux des soldats polonais de l’armée insurgée qui avaient échappé au massacre, et il les a amnistiés en effet, mais pour les envoyer servir comme soldats russes au Caucase. Il a arraché à leurs familles plus de 40 mille enfans et les a transportés dans ses provinces du nord. En eux il frappait non seulement l’insurrection pré sente, mais encore l’insurrection future. Aujourd’hui ces enfans ont oublié leur patrie, leur famille; ils sont devenus des hommes et ils sont disséminés dans les rangs de l’armée russe. En même temps ce voleur d’enfans transportait trente mille familles polonaises en Asie sur la ligne du Caucase. Il confisquait tous les biens à sa convenance, sous le prétexte que leurs propriétaires avaient pris part à l’insurrection. Il proscrivait l’usage de la langue polonaise. Il abolissait les écoles polonaises. Il envoyait en Sibérie des jeunes gens coupables...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • jésus-christ
  • capefigue
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