Extrait du journal

8ULLETIN. L’agitation continue en Pologne et se propage même dans les pays voisins. A Varsovie le gouverneur-général a défendu de porter le deuil des victimes des derniers massacres ; ainsi le fils ne peut pas prendre le deuil de son père ou le père celui du fils. Voilà comment les défenseurs patentés de l’ordre, de la famille, de la propriété et de toutes les belles choses que vous savez respectent les senti mens les plus sacrés de la famille. Le gouvernement a également défendu de dresser les actes de décès des citoyens tués par les soldats russes. C'est sans doute qu’il pense en effaçant la preuve du crime effacer le crime lui-même. Les victimes des massacres seront censées n’avoir ja mais existé, voilà tout ; et du moment où l’on ne trou vera plus de trace des morts, les meurtres auront été le rêve de quelques esprits mal faits, une simple hallucina tion. Dans cent ans il se trouvera quelque historien comme nous en avons plus d’un en France dans le grand parti de l’ordre, qui dira : J’ai fouillé les archives de l’état civil de Varsovie et je n’ai trouvé nulle trace de ces pré tendus massacres du mois d’avril 1861 qui sont évidem ment une invention des révolutionnaires....