Extrait du journal
Du boulevard des Italiens. Dimanche 19 juillet 1868. Monsieur le rédacteur, On a proposé plusieurs inscriptions à mettre sur le fronton de la Bourse : Temple des regrets, Temple des remords, Temple de l’oubli. Je vote pour ce dernier temple, maintenant que je vois avec quelle facilité on a oublié la liquidation de juin. On n’en parle pas plus que si elle n’avait jamais existé. Cependant les observateurs attentifs en voient encore les traces dans la nullité des affaires, dans la langueur de la spéculation. Elle a besoin de réparer ses forces, il lui faudra plus d’un mois pour y par venir. — Bah ! disent les optimistes, si la spéculation a be soin de se remettre au vert, l’argent n’est-il pas là pour la remplacer ? — L’argent ! répliquent les pessimistes, regardez donc le marché au comptant, la rente y est de plus en plus offerte, tant que vous verrez arriver les inscrip tions vous aurez du mal à élever les cours. Qui a tort ou raison de l’optimisme ou du pessi misme ? Ni l’un ni l’autre complètement. Oui, l’argent commence à se fatiguer de rester im productif dans les caves de la Banque de France; il ne demande pas mieux que de se placer, mais il trouve que les cours actuels de la rente sont un peu trop éle vés et il attend une réaction pour acheter. Le public a changé, le public n’a plus de goût pour les valeurs mobilières, il leur préfère les valeurs à re venu fixe. Depuis longtemps il avait contracté la douce habitude d’acheter de la rente à 67 et 68; il ne doit pas être trop empressé à la payer au-dessus de 70 fr., surtout en présence d’un emprunt de 460 millions. Optimistes, mes amis, ne comptez donc pas trop sur l’argent pour le moment, souhaitez seulement que la rente se tienne dans les cours actuels, et qu’elle con serve le cours de 70 francs jusqu’à l’emprunt. Après nous verrons. En tout cas, que personne ne compte sur un gros mouvement ni dans un sens ni dans un autre pour ce mois-ci. Il n’y a plus d’affaires en ce moment. Liquidation et réponse. La liquidation de quinzaine est venue et on a fait semblant de s’animer un peu; mais, sauf quelques reP0rts, les affaires ont été aussi nulles ce jour-là que les jours précédens. Mercredi, pas la moindre lutte pour la réponse des Primes. Les primes sur les valeurs ont été généralement abandonnées ; l’italien seul a vu les siennes levées. Après la réponse des primes, nous avons assisté à Une reprise assez accentuée du Crédit mobilier. En quelques minutes de 275 il est monté à 295 ; la Bourse n y a vu que du feu. D où vient cette subite reprise ? Dun rachat, m’assure-t-on, d’un spéculateur qu...
À propos
Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.
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