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Le Charivari, 20 novembre 1862

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Le Charivari
20 novembre 1862


Extrait du journal

La presse s’occupe unanimement ce matin de la dé pêche de M. Drouyn de Lhuys publiée mardi par le Moniteur. Cette dépêche, conforme au résumé qui en avait été donné déjà par plusieurs journaux, pose, com me nous l’avions déjà dit, la question dans des termes insolubles. Elle dit au gouvernement de Turin : Nous poursuivons une politique de transaction et de conciliation entre vous et la cour de Rome. Le saint-siège s’étant refusé à toute espèce d’accommodement et ayant déclaré qu’il ne tran sigerait à aucun prix, nous n’avons plus rien à lui de mander. Par conséquent, c’est vous que nous mettons en demeure de faire preuve de bonne volonté. Qui va être bien étonné de ce revirement ? c’est le cabinet de Turin, car pour concilier deux adversaires il faut d’abord qu’ils aient tous les deux des dispositions conciliantes, or, du moment où l’un des deux repousse de parti pris toute espèce de transaction, quelle pression peut-on exercer sur l’autre et à quoi cette pression peutelle aboutir ? Mais, dit M. Drouyn de Lhuys, il s’agit de concilier deux intérêts également sacrés. Gomment peuvent-ils être également sacrés, du moment où ils sont en lutte ? Dans toute querelle en effet il y a une des parties qui a raison et l’autre qui a tort. La dépêche de notre ministre des affaires étrangères suppose que les deux peuvent avoir raison à la fois. Entre le saint-siège et le royaume italien il y a pourtant un troisième intéressé au procès qui s’ap pelle le peuple romain, mais de celui-là il n’est pas du tout question dans la dépêche de M. Drouyn de Lhuys; et cet oubli ne laisse pas d’être assez extraordinaire de la part du représentant d’un gouvernement qui repose sur le suffrage universel. La France tranche lestement la question en ces termes : a Le Temps en appelle encore au vole universel des Romains ; c'est là un argument vicieux dont il a dè*à été fait justice en Europe. » Quand et par qui celte justice a-t-elle été faite ? Il est assez plaisant d’entendre la France qualifier d’argument vicieux l’appel au suffrage universel qui a fondé l’empire. Gomment, après cela, ce journal peut-il se dire impérialiste? Nous avons pleinement le droit de le classer parmi les feuilles légitimistes et dévouées au droit divin. Le principe politique que défend le journal de M. de la Guéronnière ne siège pas aux Tuileries ; il est représenté par M. le comte de Chambord à Froshdorf. La France ajoute que les négociations ne pourront être reprises que « du jour où le cabinet de Turin aura retiré ses prétentions sur Rome. » Or, ce sont justement ces prétentions qui font le fond du débat. Le jour où le ca binet de Turin les aura retirées, on reprendra les négo ciations. Soit ; mais sur quoi ? Le cabinet de Turin n’au ra plus rien à réclamer. Il vaudrait peut-être mieux qu’un grand gouver nement dît nettement : — Nous sommes à Rome et notre intention est d’y tester quand même; ainsi, passons à une autre affaire et ne nous occupons plus de celle-là. Au fond, la dépêche de M. Drouyn de Lhuys ne dit pas autre chose. La diplomatie européenne est fort occupée, à ce qu’il parait, des candidatures au trône de Grèce qui se produi sent de divers côtés. Les candidats semblent jouer au...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
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