Extrait du journal

Pour moi, je ne suis point un de ces esprits forts en matière d’opéra-comique qui ne sauraient être contiens à moins que l’on ne versifie pour eux les contes de Voltaire ou de la Fontaine, j’accepte volontiers les légendes quand on les raconte comme M. Lockroy, et je crois aux ballades lorsqu’elles sont sur un air qui me convient. Or donc, jeunes filles, rendez-vous à la vieille chapelle du monastère pour y passer la nuit en prières. La sainte de Kermo apparaîtra à la plus jolie et à la plus sage; heureuse celle qui sentira tomber sur son front le baiser de la vierge bretonne ; vivante, la protection du ciel la suivra partout; morte, sella pourra venir sur la terre revoir ceux qu’elle a aimés. Prélude obligé de harpes ; un fantôme descend lentement les degrés de la chapelle, une étoile brille derrière l’arbre ou le buisson qui sert d’oreiller à la jeune Marie, le fantôme l’embrasse, l’étoile s’éteint, l’apparition s’évanouit. Le costume de ce spectre est peut-être très conforme à la vérité historique et à la couleur locale, les spectres bretons n’en portent jamais d’autre ; soit, mais il a dérouté le spectateur. Robe blanche traînante, long voile blanc sur la tète, ne sortez pas de là si vous voulez m’émouvoir. Pas de néo-fantômes, au nom du ciel, restons dans la tradition , respectons les vieilles ombres....