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Le Charivari, 22 janvier 1878

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Le Charivari
22 janvier 1878


Extrait du journal

Nous recommandons aux personnes sensibles de ne point lire cet article, car nous allons raconter les infortunes d’un député qui n’est pas encore validé. La lecture de ce récit émouvant pourrait, en ef fet, causer une trop vive émotion aux natures ner veuses. Le vicomte de V..., énergiquement soutenu par l’administration du 16 mai, n’a pas encore vu mon ter à la tribune le rapporteur qui doit décider du sort du député élu Le 14 octobre avec une majorité de sept voix. On prétend que l’élection du vicomte sera inva lidée; lui-même ne se fait pas d'illusions à ce sujet. Aussi est-il victime d’une série de mésaventure^, et d’affronts dont on pourrait faire un roman. <3$S> Il arrive à la buvette. U demande un bouillon et un verre de madère. U entend deux députés de la gauche qui causent de lui : — Le vicomte vient tous les jours consommer. 11 boit et il mange comme s’il était élu. — Oui, il ne se gêne pas; ce monsieur nous coûte cher. — II serait bon d’introduire dans le règlement de la Chambre un article qui défendrait aux membres non validés l’entrée de la buvette, car, à raison de cinq francs par jour de cousommalioo, cela fait, au bout de deux ou trois mois, une dépense de quatre ou cinq cents francs. — C’est vrai; et l’on devrait faire payer ces frais aux députés quand ils seraient invalidés, ce|qui est le cas du vicomte ici présent. Ces propos coupent l’appétit à M. de V..., qui s’éloigne furieux. <3&S> 11 regarde deux députés qui s’en vont bras dessus bras dessous, en se disant : — C’est aujourd’hui le 30. — Oui, et il faut nous rendre à la questure pour recevoir notre indemnité. — Je vous y accompagne. On me doit mon in demnité des autres mois, puisque me voilà validé. Us entrent à la questure. — Les veinards ! murmure avec tristesse M. de Y..., ils touchent, eux, et moi je suis obligé de pré lever sur mes piopres revenus mes fiais de chemin de fer. Triste I triste ! triste 1 ! Mais, pour me venger, je vais faire du bruit à la Chambre. J’interromprai tous les orateurs de la gauche. <3$S> Le propriétaire de la maison où loge M. deV... vient trouver ce dernier. — Monsieur, lui dit-il, j’ai une démarche trèsdélicate à faire auprès de vous....

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
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